Voilà trois ans que les salariés des Moulins-Maurel se battent contre le projet de fermeture de leur usine de production de semoule, et l’occupent pour en empêcher le démantèlement...
Après diverses espérances déçues, un candidat repreneur a déposé un dossier à la préfecture et a officiellement fait valoir sa volonté d’achat du Moulin au propriétaire Nutrixo. Un redémarrage de l’usine dans les mois à venir devient possible. Mais attendre gentiment ce joli scénario serait oublier l’acharnement mis par Nutrixo, à mettre à genoux des travailleurs qui refusent ses diktats.
Il y a peu, ce géant agro-alimentaire faisait savoir au repreneur que celui-ci ayant visité une usine occupée illégalement, il pourrait porter plainte contre lui (Eh oui, entre patrons, c’est pas non plus le monde des bisounours !), exigeant une nouvelle fois de la préfecture avant toute négociation que l’usine soit évacuée, conformément à un jugement rendu il y a deux ans, et jamais appliqué. Mais comme nous y sommes maintenant habitués avec ce pouvoir « de gauche », il suffit que la patronat exige pour que la gouvernement exécute.
Ainsi mercredi 18 janvier, au petit matin, une escouade de CRS (une dizaine de cars) sont venus chasser de leur usine les 3 ou 4 salariés qui y passaient la nuit. En quelques heures, à l’appel de l’UL CGT des 11e-12e, plusieurs militantEs, renforcés par plusieurs équipes de l’UD CGT 13 et des militantEs du NPA, du PCF ou du PG, se pressaient aux portes de l’usine gardée par les robocops. Ceux-ci n’ont pas hésité à user de grenades lacrymogènes pour tenir à distance les manifestants.
Jusqu’au bout !
Interpellée dès le matin par l’UD CGT, la préfecture a assuré que cette intervention policière avait pour but de permettre l’ouverture de négociations avec Nutrixo. C’est bien connu, les CRS sont les garants du « dialogue social » à la sauce Hollande ! Une rencontre avec la CGT était ainsi programmée pour le lendemain soir, réunion au cours de laquelle le CRP (Commissaire au redressement productif... ou des profits ?) a assuré que Nutrixo s’engageait à ne pas démanteler l’usine et que les négociations en vue de la reprise se passeraient dans la sérénité.
Difficile de savoir exactement quelle est la dose de mauvaise foi de cet « engagement ». Quels sont les buts de Nutrixo ? Faire capoter le processus de reprise ? Sortir les muscles pour montrer qu’ils ne cèdent pas aux luttes des travailleurs ? Faire monter les enchères auprès du repreneur ? Toujours est-il que les salariés et la CGT ne font aucune confiance ni au patron licencieur ni au gouvernement si prompt à lui être agréable.
Dès le soir de l’intervention des CRS, une équipe militante de l’usine voisine d’Arkéma, fournissait aux salariés des Moulins un camping-car pour pouvoir, de l’extérieur, veiller à ce qu’aucun camion ne vienne pour démonter quoi que ce soit dans l’usine qu’ils ont décidé voici trois ans de mettre sous leur protection.
Une nouvelle fois, cet exemple vient étaler aux yeux de toutes et tous, que décidément, ce gouvernement « de gauche » ira jusqu’au bout. Jusqu’au bout de l’abject et des sales coups, au seul service des possédants et des exploiteurs... Mais nous aussi, nous irons jusqu’au bout. Jusqu’au bout de la solidarité et de la lutte. Depuis l’intervention des flics, les appels circulent dans les syndicats et équipes militantes, afin que les salariés de l’usine ne se retrouvent pas seuls, et que nuit et jour, les témoignages et actes de solidarité se multiplient pour les soutenir. Jusqu’à la victoire.
Jean-Marie Battini