Le rachat du groupe Norbert Dentressangle (42 000 salariéEs et 5 milliards d’euros de chiffre d’affaire annuel) par un groupe américain, XPO (10 000 salariéEs et 2,5 milliards de CA), n’est pas passé inaperçu...
En passant d’un groupe contrôlé à 67 % par une seule famille à une société dont les capitaux sont éclatés et majoritairement détenus par des fonds de pension et d’investissement, on comprend aisément que les 18 mois durant lesquels les nouveaux patrons s’engagent à ne pas licencier serviront probablement à établir l’inventaire de la situation au sein du groupe. Les activités ou sites peu ou pas rentables seront liquidés...L’entreprise avait déjà programmé depuis plusieurs mois la remise en cause de plusieurs acquis des salariéEs, tant sur les questions salariales que sur les conditions de travail. La situation actuelle du groupe, dans sa part transport, a déjà fait un peu de bruit dans les médias à travers le procès pour travail dissimulé et prêt de main-d’œuvre illicite avec des agences des pays d’Europe de l’Est. Côté logistique, bien que la marge dégagée soit plus importante, la situation n’en est pas moins délicate, avec de nombreux clients qui mettent les contrats en appel d’offres, accroissent la pression pour baisser les tarifs et augmenter les exigences envers leur prestataire logistique.
La pression monteCela passe sur l’ensemble du groupe par la volonté de remettre en cause l’accord 35 heures, lequel organise 32 heures de travail effectif et 3 heures de pauses payées pour les salariés postés. D’un côté, l’entreprise change le statut de salariés considérés « à tort » comme postés depuis des années afin de les sortir purement et simplement de ce fonctionnement sans aucune compensation. De l’autre, elle s’apprête à faire signer par des organisations syndicales un avenant qui attribuerait 6 jours de congés supplémentaires aux travailleurs concernés en échange des pauses payées, alors qu’elles correspondent à plus de 19 jours sur l’année. Par ailleurs, elle souhaite revenir à une pause unique par jour, sous prétexte que le fractionnement inciterait les salariés à « gratter un peu » de temps de pause supplémentaire…Sur chaque site, les pressions sont fortes : dépassements du nombre d’heures de travail journalier autorisés par le code du travail pour pallier le manque d’effectifs ; fin des embauches au profit des « CDI intérimaires » permettant plus de flexibilité et une soumission accrue ; apparition du travail du week-end ou de nuit sur certains dossiers pour satisfaire les exigences de réactivité des clients ; mécanisation des activités pour baisser le nombre de salariéEs ; hausse des pénalités lors d’erreurs de préparation qui ne manqueront pas de se répercuter sur la prime des salariés...
Correspondant