Publié le Lundi 3 décembre 2012 à 17h41.

PSA Aulnay-sous-Bois : La direction à la manœuvre

Depuis la réunion tripartite à Bobigny le 8 novembre, la direction de PSA continue de dérouler son projet de fermeture du site d’Aulnay et de 8 000 suppressions d’emplois. Chaque semaine elle organise, avec les délégués centraux, des négociations qui sans en avoir le nom préparent les mesures du plan social que les salariés ont rejeté.Le gouvernement compliceAprès la tripartite de Bobigny, le gouvernement s’est complètement retiré laissant la direction de PSA mener son affaire comme elle l’entend, en profitant de la faiblesse du rapport de forces que les salariés réussissent à imposer. La direction refuse donc de discuter séparément la situation d’Aulnay (une fermeture entraînant 3 000 suppressions d’emplois) et de Rennes (1 400 suppressions d’emplois), en prétendant chercher un règlement global. Elle refuse également toutE représentantE des salariéEs des entreprises concernées, qui pourtant le réclament aux assemblées générales à Aulnay. L’objectif de PSA est de réussir, mi-janvier, à transférer au moins une partie de la production de la C3 d’Aulnay à Poissy, après quoi les salariéEs d’Aulnay restant sur le site auraient beaucoup moins de moyens de peser sur la suite. Le « laisser-faire les partenaires sociaux » du gouvernement est une aide directe à la politique de licenciements de la direction.Les difficultés de mobilisation des salariéEsSur le site d’Aulnay, les divisions syndicales continuent de plomber les capacités de mobilisations des salariés. Après la rupture avec SUD qui reste sur la revendication de non-fermeture et le renoncement officiel de SIA, FO et CFTC à résister à la fermeture, la CGT est seule à appeler aux assemblées générales hebdomadaires, ce qui se traduit par une baisse de leur fréquentation, et aux mobilisations pour tenter d’imposer la présence des salariéEs, non pas dans les négociations, mais sur les négociations.Résultat, le 15 novembre, une centaine de salariéEs d’Aulnay sont allés à Poissy où se tenaient les négociations pour rencontrer leurs collègues et discuter la revendication de départ anticipé pour tous les salariés de 55 ans. Le 22 novembre, la veille du nouveau round de négociation, ils étaient à peu près autant à envahir le congrès des maires de France pour y interpeller la ministre de la réforme de l’État et de la décentralisation sur le thème « Ouvriers licenciés, communes étranglées » et rappeler leur refus de la fermeture d’Aulnay. Au même moment une centaine de salariés débrayaient à l’usine.L’espoir de la CGT d’Aulnay – en reprenant les revendications spécifiques, il y aura davantage de mobilisation – s’avère peu efficient. Au contraire, la baisse des chiffres de salariéEs mobiliséEs (400 à 500 l’été dernier et en septembre) est un signal que la direction interprète et utilise.Quelles perspectives ?Depuis l’annonce du plan, les seuls points forts des salariéEs de PSA sont la sympathie dans l’opinion et l’attente d’un certain nombre d’équipes syndicales qu’ils puissent cristalliser la résistance contre les licenciements. En effet, le plan de PSA est symbolique de la politique des capitalistes qui s’attaquent à un des bastion de la concentration industrielle, l’automobile. Si les possibilités de construction de la combativité en interne s’obscurcissent, il reste aux salariéEs et aux équipes militantes à se tourner vers les autres sites de PSA menacés, vers les équipementiers qui vont trinquer (à commencer par Faurécia où un plan de licenciement est annoncé) et vers toutes les autres entreprises où tombent des plans de licenciements collectifs, dont la liste s’allonge chaque semaine.D’autre part à Florange, la question est posée de la propriété et du pouvoir de décision des patrons de fermer ou non une entreprise. Les travailleurs d’Arcelor­Mittal et d’ailleurs ne peuvent pas faire confiance au bateleur Montebourg, ni au gouvernement PS pour assumer la confrontation avec le patronat. Aux militants de PSA, de Sanofi, de Faurécia, d’ArcelorMittal, de Ford, de commencer à débattre des réponses que les salariés devraient avancer.Cathy Billard