Publié le Mardi 10 juillet 2012 à 11h50.

PSA, l’épreuve de force est engagée avec le patronat

Jeudi 28 juin, une réunion du comité de groupe européen (CGE) de PSA s'est tenue au siège de la société, avenue de la Grande-Armée à Paris. Ce fut l’occasion d’une importante mobilisation des salariés, de tous les sites de France : Sochaux, Poissy, Mulhouse, Sevelnord, Rennes, Saint-Ouen… Mais aussi des délégations en provenance d’autres usines de l’automobile : Renault (Cléon, Flins, Lardy et Cergy-Pontoise) General Motors de Stasbourg et FAM (ex Magnéto) d’Aulnay. Moins importantes numériquement mais symboliquement fortes, des délégations des usines PSA de Madrid et Opel Bochum en Allemagne, elles aussi menacées de fermeture, étaient présentes.La mobilisation des salariés d’Aulnay, directement concernés, a été très forte – 700 présents environ –, conduisant à l’arrêt de la production et à l’engagement dans cette mobilisation des syndicats CFTC et CGC rarement aussi mobilisés. Il faut dire que cette fois-ci, la perspective de la fermeture du site d’Aulnay devient évidente pour tout le monde même si la direction continue de brouiller les pistes. La déclaration du maire d’Aulnay, Gérard Ségura, craignant que l’annonce de la fermeture soit faite autour du 25 juillet, avait particulièrement inquiété les salariés. Plus de 3 000 emplois supprimés sur le site, ce qui veut dire 10 000 sur les villes environnantes, dans un département où le chômage voisine les 12 %, largement au-dessus de la moyenne nationale.De l’appel à la solidarité entre salariés du groupe au refus du transfert de production d’un site à l’autre, la question est posée : comment s’opposer à ce plan dont l’annonce peut tomber, lors des comités centraux d'entreprise (CCE) des 12 et 25 juillet, en plein été au cœur de la mobilisation ? En réalité, PSA pourrait supprimer de 8 000 à 10 000 emplois, soit 10 % des effectifs du groupe dans l'hexagone.Il est manifeste qu’aucun site ne pourra s’en sortir seul, ni Aulnay, ni Sevelnord, ni Bochum. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la mise en place d’une stratégie commune de lutte face à celle de la direction. De nombreuses déclarations ont été faites dans ce sens lors du rassemblement mais elles restent à concrétiser. Les fédérations syndicales, notamment, ont  cette responsabilité. Mais où était la fédération CGT ce jour-là ? Elle ne mobilisait que quelques centaines de militants, l’après-midi devant le siège du Medef mais pas le matin devant PSA. Comment mettre sur pied une coordination de lutte nationale voire internationale, si la principale fédération ne joue pas son rôle ?La CGT de l'usine d’Aulnay a interpellé le gouvernement et le ministre Arnaud Montebourg sur son action. Tout le monde sait ce qui est prévu par la direction et le gouvernement se contente de demander le calendrier pour cette liquidation. L’interdiction des licenciements est la seule mesure à prendre et le gouvernement devrait légiférer en ce sens. Mais seul le rapport de force peut imposer de telles dispositions.L’épreuve de force engagée ici est décisive. Elle est capable de fédérer toutes les luttes sur l’emploi qui se mènent en ce moment dans le plus grand silence. Elle concerne toutes les forces sociales et politiques qui refusent les diktats du patronat. Une mobilisation unitaire doit se développer. Des initiatives doivent être prises qui la permettent.La seule présence de Philippe Poutou, de Xavier Mathieu et d’Arlette Laguiller, met en évidence de trop nombreux absents, particulièrement les leaders du Front de Gauche, alors qu’il s’agit de construire un front de lutte unitaire pour l’emploi.