Publié le Lundi 2 mai 2016 à 07h08.

Renault Guyancourt (78) : Nuit debout s’invite au technocentre

Retisser des liens entre les différents secteurs du mouvement social éclatés par des décennies d’attaques antisociales est loin d’être facile. Les politiques menées par les gouvernements successifs – de droite comme de gauche – et par le patronat, ainsi que les effets désastreux des trahisons des directions syndicales, ont fait des dégâts...

Mais la loi El Khomri, qui mobilise autant la jeunesse que les travailleurEs des entreprises du public, du privé ou privéEs d’emplois a remis à l’ordre du jour la nécessité de la convergence des luttes pour construire la grève générale. Et depuis l’apparition du mouvement Nuit debout, cette nécessité devient de plus en plus évidente.

Au pays des Valls, Macron et Gattaz, contester le pouvoir patronal est un crime... Ainsi, le 17 mars dernier, un prestataire travaillant au Technocentre Renault de Guyancourt (12 500 salariés dont 3 000 prestataires) a été placé en « mise à pied conservatoire » et viré sans délai des locaux. On lui reproche d’avoir contacté, de son domicile, les syndicats de Renault pour faire la pub du film Merci patron !. La direction du Technocentre a interdit de site ce dangereux individu, et son patron a engagé contre lui une procédure de licenciement (voir l’Anticapitaliste n°332).

Pour partager leurs expériences avec d’autres salariéEs à l’AG quotidienne de Nuit debout, une dizaine de travailleurEs du Technocentre Renault se sont rendus le 13 avril à Paris place de la République. Après leurs interventions à l’AG, il a été décidé une distribution de tracts au Technocentre. Rédigé par la « commission grève générale » de la Nuit debout en lien avec des camarades militants syndicaux de l’entreprise, ce tract rappelle que « la lutte contre la loi El Khomri et son plan de précarisation générale, et la défense des conditions de travail chez Renault ne peuvent être séparés ».

La motivation à vouloir se lier aux salariéEs a été plus forte que les difficultés de transport, puisque le 19 avril au matin, une grosse centaine de jeunes et moins jeunes se sont retrouvés aux portillons d’entrée... avec parmi eux, le prestataire licencié. Sous des banderoles « Renault debout », et avec à la sono la chanson « Merci patron ! » ponctuée de « Merci Carlos ! » (en référence à Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, qui émarge à 15 millions d’euros annuels), 3 500 tracts ont été diffusés. Cette initiative a reçu un bon accueil et a alimenté les discussions entre collègues.

Prenons nos affaires en main !

Les militantEs et sympathisantEs du NPA ont pris toute leur place pour que cette action se concrétise, en créant notamment les conditions du « Prenons nos affaires en main » et en faisant le lien avec les syndicats, essentiellement SUD qui, sans afficher ses couleurs, a assuré efficacement la logistique. Les objectifs ont été atteints : convergence des mobilisations et respect de l’autonomie de fonctionnement des collectifs militants (syndicats et Nuit debout).

Bien sûr, il en faudra beaucoup plus pour que la peur change de camp, mais ce succès donne des idées : pourquoi pas d’autres actions vers d’autres entreprises du département (PSA-Poissy, PSA-Vélizy, Renault-Flins…) ou d’autres secteurs en lutte (hôpitaux, cimentiers de Calcia en grève reconductible sur les salaires...) ?

Cela veut aussi dire que partout des Nuit debout doivent se créer et se développer. C’est le cas depuis le 15 avril à Mantes et depuis le 16 avril à Saint-Quentin-en-Yvelines (dont fait partie Guyancourt) où un collectif Nuit debout tient des mini-AG quotidiennes, avec une AG décisionnelle chaque samedi.

Car il faudra monter en puissance pour faire céder ce gouvernement PS-Medef – même discrédité et affaibli – sur la loi travail comme sur le reste. Pour construire tous ensemble la grève générale, des tours de chauffe seront nécessaires. Et pour aller jusqu’au bout, changer radicalement le système, il en faudra des débats et des actions pour bâtir une stratégie de renversement du capitalisme… Nuit debout a permis que ce débat s’enclenche à l’échelle du pays. Les actions de convergence comme celle du 19 avril au Technocentre y contribuent aussi.

Correspondants (Renault & 78)