Publié le Samedi 10 octobre 2020 à 07h45.

« Rendez ce que vous avez volé ! » : les travailleurs d’Auchan crient sous les fenêtres des patrons

Le jeudi 8 octobre, de bon matin, les travailleurs/euses d’Auchan, menacéEs de licenciement, sont alléEs crier leur colère au siège du groupe Mulliez à Croix (Hauts-de-France). Quelques centaines de personnes, venues de différentes régions de France, se sont retrouvées face au bâtiment en briques des patrons, à quelques kilomètres du premier supermarché Auchan installé en 1961 dans une usine désaffectée du roubaisien.

Le trajet sur lequel se sont retrouvéEs ces travailleurs/euses constitue une métaphore de notre société : la ville de Croix, l’une des plus riches de France, côtoie la ville de Roubaix, qui détient le primat de la pauvreté et du chômage. Ces deux réalités constituent les deux visages d’un même système d’exploitation et de domination sociale. C’est ici, dans le Nord ravagé par la désindustrialisation, que les salariéEs sont venuEs dénoncer un plan social qui laisserait sans emploi plus d’un millier de familles.

La révolte de premierEs de corvée

L’événement a attiré l’attention des médias qui se sont précipités sur le lieu pour prendre la température de la contestation. Les prises de parole qui s’enchaînent à la camionnette de la CGT crient au scandale :  comme la plupart des gros groupes industriels français, Mulliez a reçu des millions d’aides du CICE offerts gentiment par l’État sans contrepartie. Les cégétistes promettent d’aller jusqu’au bout, « jusqu’aux assises, pour une vraie stratégie de combat ».

La première date importante du calendrier militant est celle du 17 octobre à Paris où l’action interprofessionnelle se veut comme un premier pas pour arrêter la casse et changer le système économique.

Les travailleurs/euses revendiquent des conditions de travail et des salaires dignes et l’arrêt immédiat des heures à rallonge et du travail le dimanche. Ils rappellent en outre qu’il ne s’agit pas d’une petite structure qui peine à cause de la crise sanitaire et qu’il est inacceptable pour l’actionnaire « d’utiliser le PSE comme une variable sociale ».  L’entreprise a maintenu les activités pendant le confinement et maintenant laisse à la rue ces mêmes travailleurs/ses qui ont été applaudiEs, érigéEs en héros/ïnes et placéEs sur la ligne du front. Une caissière de Toulouse crie haut et fort son ras-le-bol et encourage les syndicats à être à la hauteur de leur mandat.

Des convergences

Les travailleurs/ses de la chimie, du Flunch et de Cargill sont également venuEs soutenir cette lutte qui est aussi la leur. C’est une belle tentative de convergence qui pourrait s’intensifier dans les mois à venir. Dans l’attente de recevoir leur lettre de licenciement, les employéEs de Cargill ont traîné en justice l’entreprise pour la mise en place illégitime du licenciement économique. Ils ont également créé un groupe Facebook où ils ressemblent sur une carte les données sur l’ensemble des sites français ayant annoncé des plans sociaux.

C’est l’énième démonstration de la faillite des politiques néolibérales se traduisant partout par une liberté accrue du capital de détruire, délocaliser et optimiser les profits sur le dos des travailleurs/ses.

Sous les fenêtres du groupe Mulliez, on construit la solidarité et l’union de touTEs les travailleurs/ses menacéEs par l’offensive néolibérale du capitalisme.

Par son intensité et sa détermination, le rassemblement de Croix sonne comme un avertissement :  peu importe les milices qui vous entourent et les parois qui vous protègent, partout où vous irez, nous viendrons vous chercher et réclamer ce que vous avez volé.