Publié le Vendredi 28 mai 2010 à 18h09.

Sanofi : les profits contre l'emploi...

Depuis la fusion entre Sanofi et Aventis, des milliers de postes ont disparu ou sont menacés pour les seuls sites français. La résistance à ces restructurations est rendue encore plus difficile car les conditions de départ sont souvent avantageuses dans ce secteur particulièrement riche.L’industrie pharmaceutique est la plus rentable du monde et elle est déterminée à maintenir son fabuleux taux de profit, coûte que coûte. Si elle ne peut augmenter de manière infinie son chiffre d’affaires, elle peut profiter des fusions pour réaliser des « économies d’échelle ». Ainsi, les années 1990 ont été marquées par les mégafusions qui ont permis aux mastodontes du secteur d’atteindre une masse critique, seule susceptible de donner accès à des médicaments miracles, ceux qui engendrent le plus de profits grâce à des budgets de recherche pharaoniques. Le Graal à atteindre étant le « blockbuster », médicament susceptible de générer plus de 1 milliard de dollars, dès la première année de sa commercialisation. Sanofi Aventis est né en 2004, de la réunion de Sanofi Synthélabo et d’Aventis. Depuis lors, les plans sociaux se sont succédé. Rien qu’en France, 2 000 postes de commerciaux, 1 400 postes de recherche, 1 500 emplois industriels ont été supprimés ou vont disparaître dans les années à venir. Tous ces plans sont ou ont été relativement discrets car les immenses moyens financiers du groupe ont permis que les choses se passent en douceur : primes de départ plus que conséquentes (comparativement à d’autres secteurs de l’industrie), départs anticipés, mobilité,… et bien sûr, pas ou peu de licenciements… seulement des milliers de suppressions d’emplois. Une riposte à la hauteur tarde à se mettre en place. Seules certaines organisations syndicales (SUD, CGT) sont prêtes à se battre contre les restructurations et donc les suppressions de postes. Les autres syndicats sont plutôt dans une optique de négociation des conditions de départ qui sont parfois tellement avantageuses, notamment dans le cadre des départs anticipés, que les salariés eux-mêmes les pressent de négocier ! Toutefois, des actions sont possibles  comme des débrayages, l’interpellation des élus locaux, la dénonciation de la politique du groupe dans la presse …Seules les organisations syndicales pourraient organiser la convergence, pour qu’une indispensable riposte d’ampleur, à l’échelle de tous les secteurs du groupe, voie le jour. Mais nombre d’entre elles, engluées dans les instances (comité central d’entreprise, comité de groupe), refusent de construire un rapport de forces sur le terrain. Malgré cela, quand les équipes syndicales en place sont déterminées et unies, la mobilisation se construit. Sur l’ensemble des sites, les salariés ont bien conscience que la remise en cause des restructurations demande un immense rapport de forces. Ainsi, l’hiver dernier, la grève pour les salaires a secoué le groupe mais la direction est restée intransigeante malgré le coût de cette grève. L’arrivée d’un nouveau directeur général, l’an dernier, a servi de catalyseur pour faire prendre conscience aux salariés que le groupe génère beaucoup de richesses et qu’il la confisque aux profits des actionnaires et des dirigeants en laissant des miettes aux salariés. Le NPA dénonce les milliers de suppressions d’emplois dans cette société la mieux cotée du CAC 40 et, plus généralement, les profits considérables engrangés par l’industrie pharmaceutique sur le dos des malades et de la Sécu, le détournement des fonds publics pour la recherche (les labos bénéficient du crédit d’impôt recherche). La recherche doit se faire dans l’unique optique de la satisfaction des besoins de santé publique. C’est pourquoi elle doit être publique et disposer des moyens nécessaires. Il serait normal que l’industrie pharmaceutique soit nationalisée et intégrée à un service public global de la santé. Correspondant