Publié le Mardi 20 mars 2018 à 23h42.

SNCF : La grève qui vient

Cela fait plusieurs semaines qu’à la SNCF tous les indicateurs sont au vert pour la grève/manifestation du 22 mars. Non seulement la mobilisation est forte chez les cheminotEs, mais également parmi l’encadrement. C’est le résultat d’un ras-le-bol qui s’accumule depuis des années et plus particulièrement depuis plusieurs semaines avec la sortie du rapport Spinetta.

Ce rapport est une attaque en règle contre les cheminotEs et ce qui reste de service public ferroviaire : il prévoit, d’un côté, de supprimer 1/3 du réseau jugé « non rentable » et, de l’autre, d’augmenter les tarifs afin de permettre aux entreprises privées de venir faire des profits sur le réseau public. Pour ce faire, il s’agit de supprimer le statut cheminotE, jugé lui aussi « trop cher » face à la concurrence.

Un enjeu de la macronie

Mais ce qui se passe aujourd’hui à la SNCF dépasse largement les seuls cheminotEs. Comme l’analyse le journal le Monde (14 mars), « la réussite de la réforme SNCF doit être l’un des marqueurs du quinquennat Macron, signe de sa capacité à transformer le pays ». Il s’agit donc pour le gouvernement d’infliger une défaite à un secteur combatif de la classe ouvrière. Les cheminotEs restent une épine dans le pied de la bourgeoisie française depuis au moins la grève de novembre-­décembre 1995. Pour les possédants, cette mobilisation d’ampleur avait fait prendre du retard à la France, par rapport au reste de l’Europe, sur le processus de destruction des services publics. C’est donc « petit à petit » que La Poste, France Télécom, Air France et EdF-GdF ont fini par passer à la moulinette de la libéralisation. Même s’il est déjà bien entamé, la SNCF reste le dernier « gros morceau », ce qui en fait un enjeu pour Macron. D’où aussi sa volonté de passer vite et « en force » par le biais des ordonnances.

« TouTEs ensemble ! » 

En 2007 également Sarkozy avait commencé son quinquennat en s’en prenant aux régimes spéciaux (retraites de la SNCF, EdF, RATP…). D’un point de vue économique, cela n’a rien rapporté, au contraire. À la SNCF, le non-départ à la retraite de milliers de cheminotEs « plombe » les comptes. Mais c’était une nécessité pour le gouvernement de l’époque : impossible d’imposer la réforme des retraites de 2010 sans avoir préalablement réformé celle des cheminotEs. Isolés, ces derniers avaient perdu.

En attaquant chaque catégorie l’une après l’autre, les possédants cherchent à « diviser pour mieux régner ». L’intervention d’Olivier Besancenot à la télévision rappelant « qu’on est tous le cheminot de quelqu’un » a été perçue par de nombreux travailleurEs comme un formidable appel contre la division. Une défaite des cheminotEs aujourd’hui, seuls dans leur coin, serait un recul pour l’ensemble des salariéEs demain. C’est la que se situe le principal enjeu du moment, et c’est donc touTEs ensemble qu’il faut riposter. Après tout, les problèmes que rencontrent les cheminotEs sont les mêmes que ceux de millions d’autres salariéEs : conditions de travail dégradées, salaires rabotés, précarité à l’embauche, licenciements, retraites en baisse, services publics sacrifiés…

En grève à partir du 3 avril

Pour s’organiser, les cheminotEs devront avant tout compter sur eux-mêmes. Les résultats de l’intersyndicale appelant à une grève par période de 48 heures par semaine ne préparent pas un affrontement à la hauteur. À partir du 3 avril, c’est en assemblée générale que les cheminotES devront décider des modalités de leur mouvement. Et c’est principalement par la grève reconductible qu’ils et elles pourront s’organiser et s’adresser à l’ensemble des autres travailleurEs du pays.

Ne laissons pas les cheminotEs seuls. Partout, rompons l’isolement dans lequel le gouvernement va tenter de les enfermer. Allons à leur rencontre, organisons des collectes, des assemblées dans les quartiers et les entreprises pour faire le lien entre leur lutte et ce que nous vivons au quotidien. Le climat social se réchauffe. La lutte dans les EPHAD, les préavis qui voient le jour à Air France ou la RATP doivent nous encourager à préparer un printemps chaud !

Basile Pot