Publié le Mercredi 13 mai 2020 à 11h28.

SNCF : le « risque calculé » face à la crise sanitaire

Le gouvernement a pris dès le début beaucoup de retard dans la gestion de la crise sanitaire du fait de la pandémie de Covid-19, et cela dans tous les domaines : confinement de la population pour ralentir l'épidémie, commande de matériel de protection pour les secteurs « essentiels », dont celui de la santé, financement de la recherche publique pour tenter de trouver des traitements et un vaccin, etc.

Une gestion irresponsable !

À la SNCF, les annonces de Macron du lundi 16 mars ont été suivies, quelques jours après, de leur déclinaison en consignes à la SNCF, que beaucoup de militants syndicaux et de terrain réclamaient depuis plus d'une semaine. La direction SNCF a donc aussi eu un train de retard dans la prise en compte la réalité de l'épidémie et de ses risques. Au début, cela s'est aussi traduit par une totale improvisation : des directives contradictoires entre elles alors que l'inquiétude montait de partout face à l'avancée de l'épidémie et l'augmentation du nombre de victimes. Des chantiers entiers ont continué à fonctionner normalement jusqu'au début de la mise en place du confinement, et même après.

Ce n'est que par l'action des cheminot-e-s, exerçant soit individuellement leur droit de retrait, souvent contesté sans raison valable, soit avec l'aide des délégués des CSE en déposant des droits d'alerte, que la direction a finalement été contrainte à s'engager à prendre un certain nombre de mesures. Encore aujourd'hui, des droits d'alerte continuent à être posés au regard du non respect des engagements pris par la direction.

Ces démarches ont notamment permis la fermeture des guichets où la situation devenait particulièrement alarmante avec des files d'attente interminables dans les gares. Les travaux d'investissement, non prioritaires, ont également été stoppés au début, malgré la pression de la ministre du Travail pour que les entreprises du BTP continuent à tourner malgré la gravité de la situation. Il n'a malheureusement pas fallu longtemps à la direction pour faire reprendre à marche forcée ces chantiers, seulement 15 jours après le début du confinement.

Même si le plan de transport a été fortement réduit dès les premières semaines du confinement, des trains ont continué à circuler sur l'ensemble du réseau, à la grande ligne, comme sur le réseau régional TER et banlieue pour l'Ile-de-France, ainsi qu'au Fret.

Environ 15% des cheminot-e-s, parmi lesquels des conducteurs, des aiguilleurs, des agents de la maintenance, mais aussi une bonne partie des travailleurs et travailleuses de la sous-traitance, ont continué à se rendre quotidiennement au travail.Image retirée.

Mais pour eux, la désorganisation était telle qu'il manquait absolument de tout : masques, gel hydro-alcoolique, gants, etc., tandis que les « gestes barrières » ne pouvaient, la plupart du temps, être appliqués. Là aussi les cheminot-e-s ont dû, à force de pétitions, de droits d'alerte ou de DCI, exiger et obtenir de la direction la mise en œuvre des protections sanitaires indispensables.

Nos vies, par leurs profits

Depuis le début de la pandémie, les conditions de sécurité sanitaires élémentaires évitant à celles et ceux qui travaillent de risquer d'être contaminé-e-s n'ont jamais totalement été réunies. Les transports en commun, parmi lesquels les trains, ont continué à transporter de plus en plus de travailleurs et de travailleuses chaque jour. Car dans beaucoup d'entreprises, pourtant non essentielles, l'activité a repris quelques semaines après le début du confinement, en dépit des appels à rester confiner, et au détriment de la santé de toutes et de tous.

Il est possible que de nombreux décès auraient pu être évités si le gouvernement et la direction SNCF avait pris en compte plus tôt l'ampleur de cette crise sanitaire et avait mis en place les mesures qui s'imposaient. En tout cas, cela démontre encore une fois que la priorité de l'entreprise, dans cette crise sanitaire, est principalement le maintien coûte que coûte de l'activité pour garantir les rentrées d'argent, à l'opposé de notre priorité à nous toutes et tous qui est avant notre santé.