Publié le Mercredi 5 avril 2017 à 16h52.

Souffrance : Quand le travail tue

Ils ne respectent rien, ni personne : le podcast du touchant billet de la comédienne Audrey Vernon  sur France Inter, consacré le 17 mars dernier au suicide d’Édouard, cheminot et militant SUD Rail (L’Anticapitaliste n°375), a été censuré par la radio au lendemain de sa diffusion...

Le motif avancé est que le nom de cadres de la SNCF étaient mentionnés là où il suffisait simplement de biper leurs noms. Pourtant, le procès des responsables de cette mort et, plus largement, du management et de l’organisation du travail dans l’entreprise ferroviaire, devra bien avoir lieu, comme l’a déclaré SUD Rail (y compris en écrivant à François Hollande) pour qui « si le management moderne est si violent, c’est justement que dans sa logique de profit, il empêche les salariéEs de s’approprier leur travail ». Le jour même de l’hommage rendu à Édouard gare Saint-Lazare qui a réuni plus de 2 000 personnes, un cheminot et délégué CGT de Mulhouse, visé lui aussi par des sanctions, se donnait aussi la mort. Pour sa défense, la communication de l’entreprise met en avant « l’effet Werther », soit un suicide par imitation… Dans le même temps, elle n’hésite pas à sanctionner une élue SUD au CHSCT qui travaille sur la même gare qu’Édouard !

Ces violences sont loin d’être isolées. Le 7 mars dernier, c’est une infirmière de Cochin qui passait à l’acte alors que la manifestation nationale de la Santé battait son plein. Et il aura fallu une vague de drames similaires pour que La Poste se décide à négocier sur les conditions de travail des postiers.

À Conforama dernièrement, c’est une employée handicapée, représentante CGT, qui se retrouve séquestrée par sa direction qui voulait lui extorquer le carnet sur lequel elle note au quotidien les problèmes rencontrés en magasin…

Leur violence, ça suffit !

Nulle fatalité pourtant : après des entreprises privées comme Renault ou Tati où des suicides ont défrayé la chronique, les personnels des services publics, en dépit du maintien de collectifs de travail, sont à leur tour victimes du phénomène. Malmenés à coups de restructurations et de baisses d’effectif, d’objectifs à remplir et d’évaluation individuelle quantitative et à la merci de dirigeantEs qui passent allègrement du privé au public et inversement, comment pourrait-il en être autrement ?

Alors que le procès pour harcèlement moral d’Orange et de plusieurs de ses cadres, dont son ex-président Didier Lombard, devrait s’ouvrir l’an prochain au terme d’une enquête initiée en 2010, il y a urgence face au chiffre de 20 000 décès en lien avec le travail depuis 2000, rappelé par Solidaires dans un récent communiqué.

À gauche, Hamon dit vouloir la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle et Mélenchon s’insurge contre les accidents du travail. Mais le travail posté, les cadences, la souffrance engendrée par la peur de perdre son emploi, qui mieux qu’un candidat ouvrier pour en parler en toute connaissance de cause ? Travailler moins pour travailler touTEs et mieux, c’est l’urgence sociale de notre campagne !

LD