Retour sur une grève peu médiatisée, dans un secteur où l’exploitation n’a pourtant pas de limite…
Payés au salaire minimum, en sous-effectif, obligés d’assurer sur le tas l’entretien, la manutention, le réassort, et le bar en plus de leur fonction initiale de matelot, la vingtaine de salariéEs de la chaîne de transport fluvial Canauxrama sur le canal de l’Ourcq ont débrayé à partir du 24 mai pour dénoncer une situation posant de graves menaces de sécurité, demander des augmentations de salaires et embauches. Jusqu’au 3 juin on a pu croiser, le long du quai de Loire à Paris, leur piquet de grève bardé de pancartes rapportant les propos de leur patron : « On va faire une épuration ethnique », « Vu son physique, elle a intérêt à bien travailler », « Tu devrais mettre un porte-jarretelle et enlever le balai que t’as dans le cul, tu ferais plus de pourboires ».
« Il faut bien se préparer et... assurer ses arrières »
Trois jours après le début de la grève, le délégué syndical a décidé de reprendre le travail. Perçu comme seul compétent dans le cadre du conflit, il a pris au dépourvu le reste des salariéEs qui, elles et eux, voulaient continuer. « Pendant cinq mois, on vous suit, on vous écoute, on vous dit qu’on fera... et au bout de trois jours on vous lâche », expliquait ainsi John*. Autre coup de pression : l’envoi de salariéEs d’un autre site par le directeur, dont les grévistes demandent le départ. À l’issue de la grève, beaucoup demandent aujourd’hui une rupture conventionnelle. D’autres restent, bien décidés à se donner, à l’avenir, les moyens de mener les combats qu’on leur impose.
Val Romero
* Le prénom a été changé