Dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, alors que le gouvernement a déclaré le maintien de la prise en charge par l’État des indemnités de chômage partiel à 100 % pour les heures non travaillées et ceci jusqu’au 31 décembre 2020, voire une prolongation des aides jusqu’au 31 mars 2021, les salariéEs continuent à être licenciés à tout bout de champ.
Plusieurs plans de licenciements ont été mis en place dans le secteur : 1 000 postes pour Accor dont 400 en France, 247 postes pour le groupe Constellation, dont 191 au Hyatt Regency Paris Étoile, plus d’une centaine de postes au W Opéra qui va fermer, sans parler des licenciements pour des motifs bidons qu’on voit tous les jours afin d’éviter des mises en place de PSE. Cela s’ajoute aux plusieurs milliers de CDD et d’extras non renouvelés.
Les plans de licenciements ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ce que nous observons au quotidien auprès des salariéEs est une réelle boucherie en préparation, et elle touche notamment les salariéEs de l’hôtellerie en sous-traitance.
Le pire à venir ?
En effet, plusieurs salariéEs qui pourtant travaillent soit normalement, soit plusieurs jours par semaine sont payés en « chômage partiel », et donc par l’État et non par leurs employeurs. CertainEs sont même payés avec des chèques sans provision, ou ne sont pas payés du tout. Cela s’ajoute à des réorganisations des services à la dernière minute et donc des salariéEs, souvent à temps partiel, qui sont mis à la disposition totale de l’employeur en termes de lieu et des jours et horaires de travail.
Plusieurs salariéEs subissent aussi des pressions quotidiennes pour les pousser à la porte ou à la faute pour faciliter ensuite leur licenciement. Ces licenciements sont très souvent prononcés pour faute grave, ce qui permet à l’employeur de ne pas payer les indemnités légales de licenciement et les préavis.
Le pire reste peut-être à venir, à l’approche du mois de décembre et de l’arrivée à terme de certains contrats commerciaux entre hôtels et sous-traitants : des bruits circulent déjà sur la rupture de certains contrats commerciaux sans que les marchés soient attribués à des repreneurs. Cela, selon les donneurs d’ordre, se traduirait par l’obligation de départ du sous-traitant avec les salariéEs du site, sans que l’hôtel ne soit juridiquement contraint à reprendre les salariés en les internalisant.
Les syndicats doivent se lever contre cette interprétation patronale des hôteliers et faire valoir la reprise des salariéEs du sous-traitant par application de l’article L1224-1 du code du travail. Les donneurs d’ordre ne peuvent en effet prétendre, pour échapper au prêt de main-d’œuvre illicite, que le service de l’hébergement un service autonome et organisé, et refuser de reprendre les femmes de chambre, gouvernantes et équipierEs. Cela risque cependant de provoquer une réelle boucherie : des PSE et des licenciements individuels disparates.
L’heure doit être à la syndicalisation pour commencer à s’organiser collectivement, faire face à ces plans et construire les mobilisations et la résistance.