Dans la famille des réacs, ça faisait longtemps qu’on n'avait pas entendu le pape. Eh bien le voici avec des déclarations contre l’enseignement de la « théorie du genre » et les manuels scolaires français : « guerre mondiale contre le mariage », « sournois endoctrinement de la théorie du genre »…
La ministre de l’Éducation nationale se trouve obligée de répondre, et on ne peut qu’être d’accord sur le constat : la lutte contre le sexisme et les inégalités de genre à l’école reste extrêmement faible. Le gouvernement avait reculé en 2014 sur les ABCD de l’égalité suite à une série de mobilisations de parents d’élèves lancée par des fachos et autres réactionnaires, suivis de Farida Belghoul. On ne peut pas dire que ce gouvernement soit à la pointe de la lutte contre les discriminations sexistes. Et pendant que les réacs focalisent le débat sur « le genre à l’école », on ne parle ni de la réforme du collège, ni des suppressions de postes et du manque de moyens, ni de la sélection sociale…
Ces déclarations arrivent dans un contexte plus général d’attaques contre les droits des femmes et des LGBTI. La « Manif pour tous » reprend du service le 16 octobre, comme par hasard le lendemain de l’Existrans, marche des personnes trans et intersexes. Elle appelle à manifester « contre les nouvelles offensives du gouvernement contre la famille, la filiation et l’éducation et aussi contre toutes formes d’enseignement du genre à l’école ».
La réaction familialiste s’abat aussi en Pologne, où le droit à l’avortement, déjà extrêmement réduit, est en passe d’être interdit. Mais les femmes, en particulier les jeunes, sont mobilisées : elles ont manifesté à plusieurs reprises et ont fait grève ce lundi 3 octobre dans de nombreuses villes de Pologne. Des manifestations de soutien ont également lieu dans d’autres pays européens.
Le droit à l’avortement n’est pas acquis dans toute l’Europe, et même en France il est remis en question de plusieurs façons : avec ces manuels anti-IVG de prétendue bioéthique qui circulent dans les lycées cathos, y compris dans ceux sous contrat avec l’État ; avec l’austérité qui s’applique violemment à l’hôpital et remet, de fait, en cause l’accès à l’avortement.
Ne croyons pas que l’IVG est un droit définitivement acquis : mobilisons-nous pour défendre le droit de choisir, le droit à disposer de son corps, de Paris à Varsovie !
Par Elsa Collonges et Chloé Moindreau