Le 17 janvier 1975, la loi Veil est promulguée : les interruptions volontaires de grossesse (IVG) peuvent dès lors être pratiquées légalement et dans un cadre sécurisé. Le droit à la contraception et à l’avortement est une victoire arrachée par les luttes du mouvement féministe des années 1970, en France comme dans beaucoup d’autres pays.
Les mobilisations massives ont permis la conquête d’un droit vital pour la liberté des femmes, celui de maîtriser elles-mêmes leur fécondité et donc de pouvoir prendre en main leur destin, de ce qui leur a été dénié au cours des siècles par tous les pouvoirs établis, y compris en France.
L’extrême droite contre les droits des femmes
L’interdiction de l’avortement tue. Avant la loi Veil en France, en moyenne, une femme mourait chaque jour des conséquences d’un avortement clandestin. Aux États-Unis, où la Cour suprême américaine a décrété le 24 juin 2022 que l’accès à l’avortement n’était plus un droit constitutionnel, il a été interdit dans une dizaine d’États, avec des conséquences dramatiques, voire mortelles, sur la vie et la santé des femmes. L’extrême droite, partout où elle arrive au pouvoir, limite concrètement le droit des femmes et des minorisées de genre à disposer de leur corps. En Italie, par exemple, elle a autorisé les groupes anti-avortement à entrer dans les cliniques. En Hongrie, elle a voté l’obligation d’écouter les battements de cœur du fœtus avant l’avortement…
Un droit encore fragile en France
En France, en 2024, la macronie a tenté une opération séduction en intégrant dans la Constitution et avec de très sérieuses limites la « liberté garantie à la femme de recourir à l’interruption volontaire de grossesse ». Dans la réalité, cette intégration n’est pas une garantie suffisante, car c’est au législateur d’établir dans quelles conditions cette « liberté » peut s’accomplir. Concrètement, un gouvernement ou un parlement de droite ou d’extrême droite pourrait raccourcir la durée du délai légal de l’IVG, supprimer les subventions au Planning familial, interdire certaines méthodes abortives… Sans que cela soit anticonstitutionnel !
Et en parlant de droite : le « nouveau » gouvernement Bayrou, à l’image du précédent, compte de très nombreux ministres qui ont voté contre la constitutionnalisation, et d’autres qui se sont abstenus !
Contre la casse du service public, redévelopper les lieux d’avortement
Aujourd’hui, l’accès à l’IVG est en réalité déjà fortement remis en cause par la destruction du service public de la santé. Il y a urgence à défendre le droit des femmes à disposer de leur corps, en défendant l’allongement du délai pour accéder à l’IVG. Il faut exiger et financer la réouverture des centres IVG qui ont fermé ces 20 dernières années. Renforcer la formation des médecins et sages-femmes pour qu’iels sachent faire cet acte et accompagnent sans jugement les personnes qui avortent.
Il faut développer le maillage (sur tout le territoire) des lieux et professionnelLEs pratiquant l’avortement pour garantir l’accès en laissant aux femmes et personnes concernées le choix de leur méthode d’avortement.
50 ans après, nous devons toujours nous battre pour le droit à l’avortement, en France comme partout dans le monde. Pour que toutes les femmes et les personnes en demande d’avortement puissent le faire gratuitement là où elles le veulent, sans jugement, qu’elles aient le choix de la méthode peu importe où elles habitent.
Ju Chiro et Manon Boltansky