Publié le Mercredi 6 mars 2019 à 16h01.

Inégalités salariales : 15 h 40, l’arbre qui cache la forêt

Les organisations féministes, de nombreux syndicats et certaines organisations politiques comme le NPA, appellent à la grève des femmes à partir de 15 h 40. Pourquoi 15 h 40 ? parce que sur une journée de travail de 7 heures, 1 h 50 minutes représente le travail gratuit supplémentaire effectué chaque jour par les femmes, puisque à travail égal, les femmes gagnent en moyenne 26 % moins que les hommes.

En novembre 2018, l’Organisation internationale du travail (OIT) faisait un constat quasi similaire : les femmes dans le monde gagnent 20 % moins que les hommes, pour des postes identiques. 20 % de temps de travail gratuit partout dans le monde. On ne parle même pas ici du travail gratuit domestique alors que, avec la casse des services publics, ce sont les femmes qui doivent de plus en plus en pallier les manques.

Paramètres multiples

Si on y regarde de plus près, les inégalités salariales se creusent avec différents paramètres. Le premier élément est la différence vis-à-vis du diplôme. En règle générale on observe que le diplôme reste une garantie collective sur le marché du travail. On observe aussi que les femmes sont en France plus diplômées que les hommes : 27,1 % des femmes ont au moins une licence, contre 21,6 % des hommes. Et pourtant, si l’on regarde les niveaux de salaire en moyenne pour l’ensemble de la population active à diplôme égal, on trouve un écart de 34,3 % entre hommes et femmes. À bac + 3, cet écart va jusqu’à 46,2 %, et au niveau le moins diplômé (brevet ou moins), il est de 41,4 %. L’écart s’explique par deux raisons principales : la première est la question du temps partiel, la seconde celle des différentes filières1

Les temps partiels sont effectivement occupés à 80 % par des femmes. Que ceux-ci soient choisis ou imposés, la perte de salaire est importante, ce qui creuse les inégalités et place souvent les femmes dans une situation de précarité et de dépendance financière dans le cadre d’un foyer hétérosexuel. De plus, les femmes prennent largement des temps partiels pour garder les enfants, tâche qui devrait être prise en charge par le service public.

Si les femmes sont plus diplômées, les études et les filières ont aussi un genre et les femmes sont très nombreuses dans les filières les moins rémunératrices, comme les filières des sciences humaines et sociales.  

Dernier problème et non des moindres, les femmes ont beaucoup moins souvent le statut de cadres que les hommes. Au niveau bac + 3 et plus, on observe que 62,2 % des hommes sont cadres contre 35,9 % des femmes.

Oppression structurelle

Les inégalités salariales nous permettent de comprendre comment l’oppression des femmes est structurelle dans le système capitaliste, mais aussi pourquoi les femmes sont à l’avant-poste des mobilisations comme celles des Gilets jaunes. Plus que jamais nos revendications doivent s’articuler autour de la question des salaires, que ce soit dans le mouvement féministe, dans la mobilisation des Gilets jaunes ou dans le mouvement syndical et social de manière générale, en prenant en compte la question de la précarité :

– Réduction massive du temps de travail sans perte de salaire,

– Égalité salariale femmes/hommes

– Augmentation des salaires de 300 euros net, pas de revenus en dessous de 1 700 euros.