Sur un malentendu, on a failli obtenir l’allongement de 12 à 14 semaines du délai pour une IVG. En effet, vendredi 7 juin, un amendement a été soumis au vote et adopté dans un Sénat à peu près vide par Laurence Rossignol (PS) contre l’avis de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Mais les réactionnaires n’avaient pas dit leur dernier mot puisque, le mardi suivant, le gouvernement a autorisé un nouveau vote et l’allongement a été cette fois-ci bien entendu rejeté.
Quelles solutions pour celles qui se sont rendu compte tardivement de leur grossesse sinon vivre le traumatisme d’une grossesse indésirée ou d’un avortement en urgence, à distance de chez elles, de leurs proches et de leur famille ? Rappelons que, en France, près de 5 000 femmes vont chaque année avorter dans un pays où les délais sont plus longs qu’ici. En Islande le délai est de 22 semaines, 24 au Pays-Bas. Pour les plus précaires le choix ne se pose même pas… le tarif d’une IVG à l’étranger ne peut pas leur permettre d’accéder à l’avortement et les cagnottes de soutien se multiplient. Les moyens ne cessent de se réduire : en 15 ans, au moins 130 centres ont été fermés et les déserts médicaux se multiplient. On pratique environ 220 000 IVG en France chaque année et plus d’un tiers des femmes avortent au moins une fois dans leur vie. C’est dire si avorter est un acte courant de la vie des femmes… Ce droit, nous nous sommes battues pour l’avoir, nous nous battrons pour l’exercer et l’améliorer.
La PMA pour toutes, c’est toujours pour demain…
En 1994, la loi bioéthique a ouvert la PMA aux couple hétérosexuels uniquement, en excluant les femmes lesbiennes, bies ou célibataires. En 2012, l’ouverture de la PMA faisait partie du programme de Hollande et, en 2017, Macron faisait la même promesse. Le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres fin juillet. Mais, d’ici là, plein de bonnes excuses peuvent encore surgir et, sur ce sujet, la droite et l’extrême droite n’ont probablement pas dit leur dernier mot.
Nous ne pouvons pas compter sur le gouvernement pour faire avancer nos droits. Les premières concernées, les femmes lesbiennes et bies, demeurent absentes du débat. Attendre, toujours attendre, report après report, recul après recul. Ce sont les médecins, chercheurs, scientifiques et psychiatres qui continuent de débattre de nos corps sans nous consulter. Les femmes précaires, de la classe ouvrière, ne peuvent avoir accès aux potentielles PMA autorisées dans les pays limitrophes à la France, dont le coût tourne autour de 10 000 euros. Et si Agnès Buzyn a annoncé le 16 juin que la PMA devrait être remboursée, rien n’est moins sûr. Nous exigeons le remboursement total des soins dans la loi, et des facilités administratives pour en finir avec ce qui est un véritable parcours de combattante.
Pour arracher ces droits, il nous faut un mouvement d’ampleur, revendiquant notre liberté de fonder nos familles de la manière dont on le souhaite. Sur les droits des femmes, rien n’avance réellement, et on voit bien que toute la politique du gouvernement est faite de reculs. Le gouvernement annonce 30 000 places en crèche alors que les besoins sont évalués à environ 400 000. Concernant les retraites, les mesures incitant à travailler plus longtemps vont encore peser sur les femmes dont les retraites sont déjà inférieures de 42 % à celles des hommes. Et les attaques en règle contre les services publics, dans le cadre de CAP22, auront nécessairement des conséquences dramatiques sur les femmes qui sont aux premiers rangs à la fois en tant que salariées et en tant qu’usagères. Ne reste qu’une seule solution : la mobilisation !
Commission nationale d’intervention féministe