Le 8 mars, des organisations féministes, politiques et syndicales du monde entier appellent à la grève des femmes et des minorités de genre. Le 8 mars, faisons grève du travail productif, reproductif, salarié comme gratuit. Le 8 mars, ne nous rendons pas sur nos lieux d’études.
Depuis 2016, la grève des femmes est au centre des mobilisations féministes : en Argentine, une mobilisation massive avec un appel à la grève était organisée à la suite du meurtre d’une jeune de 16 ans, faisant le lien entre les violences faites aux femmes et les violences du capitalisme. Depuis le 8 mars 2017, l’appel international à la grève met en avant cet outil comme une arme contre la surexploitation des femmes et les violences.
Grève du travail productif et reproductif
S’il est essentiel de faire grève du travail salarié, c’est pour dénoncer la surexploitation subie par les femmes. Davantage exposées à des emplois précaires et dévalorisés, les femmes, en France, représentent 60 % des CDD et touchent 28,5 % de salaire en moins, sont victimes de temps partiels imposés, du plafond de verre et de violences sexistes et sexuelles au travail.
En parallèle, la grève du travail reproductif, c’est arrêter toutes les tâches permettant de faire vivre la société et qui sont essentiellement endossées par les femmes : l’éducation, les repas, le ménage, le soin… Ces tâches sont effectuées gratuitement, contraignant les femmes à une double journée de travail. Nous, féministes, voulons rendre visible l’invisible : cela représenterait 42 milliards d’heures en France chaque année, 10 900 milliards de dollars dans le monde. Mais le travail reproductif est aussi salarié (cantine, personnels de ménage…) et ce sont souvent les femmes racisées qui y sont employées, avec des salaires de misère et des conditions de travail dégradées.
Cette grève du 8 mars est essentielle, car l’assignation des femmes au travail reproductif fonde notre oppression, nous imposant de rester dans le cadre familial, d’effectuer des tâches gratuites ou peu rémunérées nécessaires au maintien du système capitaliste. C’est l’occasion de porter des revendications autour des violences économiques et de la double journée de travail, et plus globalement de porter un coup au système capitaliste et patriarcal.
La grève, un outil essentiel pour construire un rapport de forces contre le patriarcat
« Quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ». Grâce à notre nombre et notre place dans la société, la grève féministe permet de construire un rapport de forces et de dégager du temps pour se rencontrer et s’organiser face au patriarcat.
C’est une occasion importante pour dire stop aux violences faites aux femmes et aux minorités de genre, alors que 94 000 femmes subissent viols ou tentatives de viol chaque année et que le président de la République ose défendre publiquement Depardieu, un agresseur multirécidiviste. Le 8 mars, nous défendrons aussi le droit à disposer de nos corps : IVG, PMA, transition. C’est mon corps, c’est mon choix !
Dans l’histoire, des grèves de femmes ont retenti par leur force. Le 24 octobre 1975 en Islande, une grève nationale des femmes (entre 90 % et 95 % de femmes grévistes) a bloqué les entreprises et les institutions, permettant d’obtenir satisfaction sur une série de revendications. Le 8 mars 2018 dans l’État espagnol, près de 5,3 millions de personnes étaient en grève.
En France, l’arc syndical appelant à la grève s’élargit. De plus, le mouvement contre les violences faites aux femmes prend de l’ampleur, comme cela s’est exprimé après les révélations sur Depardieu et depuis avec le #Metoo Cinéma. Enfin, dans plusieurs villes, des structures se créent et se coordonnent pour permettre l’auto-organisation du mouvement féministe.
Le 8 mars, tousTEs en grève : parlons-nous, regardons-nous, révoltons-nous !