En clôture de la 4e Marche mondiale des femmes, ce samedi 17 octobre, plus d’un millier de femmes, militantes issues de plusieurs pays en Europe et dans le monde, ont défilé dans les rues de Lisbonne pour les droits des femmes et leur liberté.
Bien que les féministes soient isolées dans un contexte de reflux des mouvements sociaux, et que l’on soit loin des chiffres de la première Marche (près de 30 000 personnes en 2000), ce rassemblement était important au moment où la droite portugaise essaye de remettre en cause le droit à l’avortement. Ainsi elle a fait voter en juillet dernier une taxe de 7,75 euros pour les femmes qui avortent hors avortement thérapeutique (le SMIC est au Portugal de seulement 400 euros).
Les féministes espagnoles étaient venues nombreuses de Catalogne, du Pays basque, de Galice, etc., pour manifester leur soutien. La délégation française était composée de groupe de femmes de plusieurs villes, avec une forte présence de femmes de la CGT de Marseille, mais aussi de Toulouse, Montpellier, de Bretagne, de la région parisienne, etc.
Deux jours plus tôt, des centaines de femmes étaient venues accueillir l’arrivée de la caravane féministe de la Marche, partie le 8 mars dernier du Kurdistan, en hommage à la résistance des femmes Kurdes dans la ville de Kobané.
Au Portugal
C’était l’occasion pour la coordination portugaise de mettre en avant les luttes des femmes au Portugal, notamment leur combat pour le droit au logement. Ainsi, une première marche était organisée à travers les quartiers d’Amadora, ville de relégation des populations cap-verdiennes de la banlieue de Lisbonne, où des politiques racistes et de classe se cumulent. Et depuis près de 10 ans, s’y additionnent de grandes opérations de spéculations immobilières.
La gentrification y est particulièrement violente pour les habitantEs qui y ont construit leur habitation, arrivaient à disposer d’un petit lopin de terre – utile en période de chômage massif –, et voient du jour au lendemain leur univers détruit par les pelleteuses. La population se mobilise, luttant contre les expulsions menées par une municipalité socialiste, sans aucune solution de relogement et à grand renfort d’opérations policières, de jour comme de nuit.
Les associations de femmes, bien souvent à la tête de ces combats car ce sont elles qui organisent quotidiennement la vie sociale des quartiers (garde d’enfants, restauration populaire, activités culturelles, etc.), nous y ont accueillis chaleureusement.
Échanges et propositions
De nombreux ateliers les jours suivants ont permis d’évoquer de nombreuses questions concernant les femmes : l’accueil des femmes migrantes en Europe et le refus de la distinction entre exil politique et exil économique, à partir d’un appel de plusieurs associations féministes françaises ; les politiques d’austérité et les atteintes aux droits des femmes dans tous les pays : à travers les remises en cause des services publics de santé et d’éducation... les femmes en prison, le droit à l’avortement, le travail non reconnu et les inégalités salariales, etc.
Plusieurs propositions sont issues de ces échanges : faire reconnaître et appliquer dans la convention de Genève le statut de réfugiées aux femmes victimes de violences spécifiques liées aux guerres, à l’exil économique et aux mutilations sexuelles ; le maintien d’ une coordination d’échange sur les politiques d’austérité et les expériences de résistance des femmes à ces politiques afin de les rendre visibles ; un appel à créer un cortège féministe lors de la manifestation à Paris dans le cadre de la COP21, etc.
Femmes debout !
La caravane de la Marche a présenté son expérience, à la rencontre des luttes de femmes à travers l’Europe – en Allemagne, Roumanie, ex-Yougoslavie, Turquie, Kurdistan, Grèce, etc. – et le désir de poursuivre cette action qui a permis de rendre visibles ces luttes et de tisser des liens entre les femmes.
Tout au long de ces trois jours de rencontre, les échanges entre militantes ont montré combien les femmes sont particulièrement touchées par les crises et les guerres, mais combien aussi elles sont capables de se lever, de lutter pour leurs droits, la liberté et un monde plus juste.
Rendez-vous est pris pour une prochaine Marche des femmes sur le continent africain.
De Lisbonne, Gwendoline et Sonia