L’organisation internationale du travail (OIT) vient de publier un rapport sur les salaires dans le monde. En 2017, la croissance des salaires est tombée à son rythme le plus bas depuis 2008, et reste bien inférieure aux niveaux atteints avant la crise financière mondiale. Pratiquement dans tous les pays, la hausse des salaires réels (c’est-à-dire ajustés pour tenir compte de l’inflation) a ralenti en 2017 (même si elle demeure soutenue en Chine, Corée, Thaïlande…). L’augmentation est particulièrement faible dans les pays à revenu moyen élevé. Ainsi en Europe (à l’exclusion de l’Europe orientale), elle est tombée à environ zéro en 2017, du fait d’une croissance plus faible des salaires dans des pays tels que la France et l’Allemagne et d’une baisse des salaires réels en Italie et en Espagne. L’OIT montre que la croissance des salaires est, sur la période 1999-2017, nettement à la traîne comparée à la progression de la productivité dans les pays à revenu élevé : il en résulte que la part des revenus du travail (ou « part du travail », la part de la rémunération du travail dans le PIB) reste largement inférieure aux niveaux du début des années 1990. Autrement dit, le taux d’exploitation a augmenté. À noter que dans cette étude, l’OIT utilise les salaires moyens ; or, dans certains pays, la moyenne est tirée vers le haut par les salaires élevés alors que les autres salaires stagnent, voire reculent.
Les salaires des femmes restent nettement inférieurs à ceux des hommes : au niveau mondial, l’écart atteint entre 16 et 22 % selon la méthode de calcul utilisée. Dans les pays à revenu élevé, cet écart est clairement plus important dans la zone des hauts salaires. De façon générale dans le monde, plus on monte dans l’échelle des salaires, plus la proportion de femmes diminue. Institutions internationales et gouvernements des différents pays rivalisent de déclarations sur la résorption de l’écart mais, dans la pratique, l’OIT souligne que les progrès en matière de réduction des écarts salariaux entre hommes et femmes sont lents.