Depuis le 23 février 2022, l’IVG est accessible en France jusqu’à 14 semaines de grossesse, une avancée qui permet également aux sages-femmes de pratiquer les interruptions volontaires de grossesse chirurgicales. Mais nous devons aller plus loin !
L’IVG jusqu’à 24 semaines : c’est possible et souhaitable
Au Pays-Bas et au Royaume-Uni les IVG se pratiquent déjà jusqu’à 24 semaines, en Suède cela est possible jusqu’à 18 semaines. C’est donc vers ces pays que les 5 000 femmes ayant dépassé les délais en France se dirigent, chaque année, pour accéder à l’IVG. La proposition du délai de 24 semaines pour avorter n’est donc pas une proposition qui serait isolée et n’existerait que chez nous. Au Royaume-Uni et au Pays-Bas elle a été le fruit d’un travail éthique, de discussions médicales et de luttes féministes !
L’OMS recommande par exemple « de supprimer les obstacles politiques à l’avortement sécurisé qui ne sont pas justifiés d’un point de vue médical, tels que la criminalisation, les périodes d’attente obligatoires, l’obligation d’obtenir l’autorisation de tiers (par exemple, du partenaire ou de membres de la famille) ou d’institutions, et les limites quant au moment de la grossesse où l’avortement peut être pratiqué ». C’est-à-dire concrètement, comme au Canada ou dans certains États des États-Unis, d’autoriser l’avortement jusqu’à la dernière semaine de grossesse. Pour l’OMS, il s’agit en effet de lutter contre les avortements clandestins qui concernent 25 millions d’avortements par an, provoquant l’hospitalisation de millions de femmes et le décès de 39 000 d’entre elles.
En réalité, on sait que les restrictions et les délais concernant l’accès à l’avortement ne permettent pas de réduire le nombre d’IVG réalisés, ce qui signifie que pour de nombreuses femmes, en termes de souffrance, de douleur et même d’impact sur leur vie sociale, l’IVG sera toujours préférable à la poursuite d’une grossesse non désirée jusqu’à l’accouchement. Il ne faut pas s’y tromper, les femmes qui ne désirent pas poursuivre une grossesse seront à la recherche de moyens, même les plus extrêmes, pour y parvenir. À l’inverse, nous savons que plus l’avortement est accessible – par l’allongement des délais d’accès, les suppressions des délais de réflexion, etc. – plus les femmes y ont recours tôt et ont accès immédiatement aux soins adaptés à leurs besoins.
Une lutte féministe de chaque instant
Emmanuel Macron, qui était opposé à l’allongement du délai jusqu’à 14 semaines de grossesse, n’hésite pas à jouer sur la rhétorique des anti-IVG en expliquant que l’avortement est un « traumatisme » pour les femmes.
Il faut rappeler que l’IVG émane d’un choix conscient et du désir de ne pas poursuivre sa grossesse. Il s’agit en fait de garantir l’accès à nos droits reproductifs, d’exercer notre autonomie, d’avoir un contrôle sur nos corps, de choisir pour et par nous-mêmes quand et comment fonder une famille si nous le voulons. Il s’agit de nous libérer du processus de domination masculine et de briser l’oppression patriarcale qui voudrait nous enfermer dans la sphère privée et familiale.
Allonger le délai légal de l’IVG à 24 semaines est donc bien une avancée du point de vue des droits des femmes. Dans le monde, une femme meurt toutes les neuf minutes d’un avortement clandestin : défendre l’allongement du délai légal de l’IVG à 24 semaines est donc une revendication qui a une portée internationaliste. Cette revendication rejoint ce que nous avons toujours avancé : le libre choix des femmes à disposer de leur corps et à planifier leur famille.