Publié le Jeudi 8 juin 2017 à 18h37.

Abus de pouvoir, mensonge, diffamation, Trump un peu plus discrédité…

L’affrontement entre Trump et une partie des sommets de l’appareil d’État américain vient de franchir une étape avec l’audition de James Comey, ex-directeur du FBI, par la commission du renseignement du sénat en charge de l’enquête sur l’intrusion de la Russie dans la campagne électorale américaine et le rôle du Président élu dans cette affaire. James Comey a été limogé  le 9 mai par Trump pour ne pas s’être plié à ses demandes. En effet, si le congrès a choisi de donner un mandat de dix ans au directeur du FBI pour qu’il soit indépendant du président, celui-ci a le pouvoir de le limoger sans même s’en justifier. Étrange indépendance !

Appelé à témoigner, ce jeudi, devant cette Commission du Sénat, Comey avait tenu à rendre public, la veille, le texte de sa déposition qui confirme les révélations de la presse. C’est à partir de cette déposition que la commission du Sénat établira les responsabilité de Trump dans l’affaire des relations avec la Russie et « les efforts de la Russie pour interférer dans le processus électoral ».

Les sept pages du document décrive un président exerçant une pression sur le directeur du FBI  pour obtenir « sa loyauté » c’est à dire qu’il se plie à sa demande   de  “laisser tomber ça” en évoquant la démission de l’ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn. Il lui demandait ainsi d’abandonner toute enquête au sujet de M. Flynn et de ses conversations avec l’ambassadeur russe Sergueï Kislyak, à l’origine de sa démission.

Évoquant une rencontre avec Trump, il raconte : « Le président est ensuite revenu sur le sujet de Mike Flynn, en disant : "C’est un type bien, il a passé pas mal de moments difficiles." Il a répété que Flynn n’avait rien fait de mal en appelant les Russes, mais qu’il avait induit en erreur le vice-président. Il a ensuite dit : "J’espère que vous jugerez bon de laisser tomber, de laisser Flynn tranquille ”. […] Ce que j’avais compris, c’était que le président demandait que nous laissions tomber toute enquête sur Flynn dans le cadre de ses conversations avec l’ambassadeur de Russie en décembre. D’après ce que je comprenais, le président n’évoquait pas l’enquête plus large sur la Russie ou sur des liens possibles avec sa campagne. » Lors de son audition Comey a confirmé sa déposition préalable sans apporter d’éclairage supplémentaire. Il a confirmé que ce sur le point essentiel des rapports avec la Russie, Trump lui-même n’était pas en cause. Il a cependant accusé ce dernier de mensonge et de diffamation à son égard.En fait, l’audition a surtout visé la Russie et son intrusion dans les affaires américaines, alimentant une campagne anti-russe mais sans que Trump soit mis en cause à ce niveau.

Elle a fait un tabac à travers toute l’Amérique, y compris dans les bars où avaient lieu des écoutes collectives. Elle vient confirmer ce que tout le monde sait sur Trump et ses abus de pouvoir permanents, ses improvisations mais il est probable que cela ne pourra déboucher sur une procédure d’impeachment dont les Républicains ne veulent absolument pas. Sur le fond, ils partagent sa politique comme une grande partie de l’establishment qui la lui dicte et savent bien que, par delà ses excès, il fera le job.

Sans doute, une étape dans le recadrage de Trump par l’administration pour en faire un président gérable... La preuve, il n’a pas fait de tweet pendant toute la durée de l’audition... Mais aussi, pour les travailleurs et la jeunesse, une démonstration de plus que seule leur intervention pourra bousculer la donne.

Yvan Lemaitre