La semaine dernière l’affaire Snowden a atteint son paroxysme quand la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal ont fermé leur espace aérien à Evo Morales, président de la Bolivie, de retour de Russie, soupçonné d’avoir à son bord le fameux Snowden.Cet épisode démontre une fois de plus le jeu de dupes que se livrent les différentes chancelleries européennes depuis les révélations autour des écoutes de la NSA. Nul n’ignorait ces écoutes maintes fois médiatisées ces 15 dernières années (par exemple Echelon en 2000). Les dernières révélations du Spiegel évoquent même la complicité de ces chancelleries dans la collecte et l’échange des informations et données.L’épisode du blocage de Morales prouve que l’impérialisme a des alliés bien dociles. Motivé par la rumeur, il fallait empêcher à tout prix Snowden de quitter la zone aéroportuaire moscovite dans laquelle il se trouve coincé depuis des semaines. Que l’avion concerné soit celui d’un président d’un des États qui dénoncent sans relâche l’impérialisme yankee n’a rien de fortuit. L’indignation feinte par les puissances européennes au moment des premières révélations s’évaporent aujourd'hui devant le pragmatisme des intérêts économiques.
Chasse à l'hommeL’accueil de Snowden devient donc un enjeu de politique internationale. Les pays qui s’affrontent régulièrement aux États-Unis sur leur propre continent (Bolivie, Équateur, Venezuela) se déclarent prêts à accueillir Snowden. Et dans différents pays d’Europe, des voix s’élèvent pour pousser les gouvernements à prendre position afin accueillir l’ancien américain.Il ne fait malheureusement aucun doute que cette véritable traque, organisée par les Américains et leurs alliés comme la France, ne tourne mal pour l’homme qui a fait éclater la vérité. Snowden ne pourra sûrement pas quitter Moscou, comme l'illustre l’affaire de l’avion de Morales. Les pressions américaines sont énormes, car les États-Unis ne veulent pas revivre le camouflet subi avec Julian Assange qui avait révélé le fameux Wikileaks. Il faut donc exiger que la France cesse de soutenir les États-Unis dans cette accablante chasse à l’homme.
Thibault Blondin