Les autorités sud-africaines n’ont pas hésité à provoquer la mort de dizaines de personnes en assiégeant les mineurs clandestins.
«Vala Umgodi » est le nom du projet du gouvernement sud-africain. En langue nguni, cela signifie « boucher les trous » et dans la réalité le projet vise avant tout les mineurs illégaux qui continuent d’exploiter des mines abandonnées parce que jugées non rentables.
Affamer les mineurs
Les forces de police se sont positionnées à l’entrée de la mine aurifère de Stillfontein dans le but d’arrêter les mineurs clandestins depuis août 2024. Ils étaient plusieurs centaines. Elles ont ainsi empêché le ravitaillement en nourriture et en eau des mineurEs par les habitantEs des townships environnants afin de les obliger à sortir.
Par peur d’être arrêtés, mais aussi sous la menace des gangs qui contrôlent la mine, les « zama zamas » (« ceux qui tentent leur chance » en zoulou) sont restés bloqués pendant des semaines. Les volontaires sont descendus dans la mine et ont expliqué que les mineurs étaient désormais bien trop faibles pour remonter à l’aide des cordages comme ils en avaient l’habitude. Ils ont aussi demandé que les morts puissent être évacués. Ces demandes se sont heurtées à l’intransigeance des autorités expliquant que ce n’était pas à la police de récupérer « les dépouilles des criminels ».
Certains responsables de l’ANC ont parlé d’enfumer les mineurs, la porte-parole du gouvernement Khumbudzo Ntshavheni déclarait : « Nous allons les asphyxier, ils vont remonter. Les criminels ne doivent pas recevoir d’aide, ils doivent être persécutés ». Il a donc fallu une décision de justice pour obliger le gouvernement à mettre en place un système de sauvetage pour extraire les travailleurs qui sont dans un état de faiblesse extrême, le 13 janvier. Le bilan est terrible puisque l’on décompte 87 morts.
Politique anti-ouvrière
Préférant mener une politique libérale, les dirigeants de l’ANC sont incapables de répondre aux besoins sociaux des populations. Ils n’hésitent pas alors à utiliser des boucs émissaires comme les populations immigrées ou criminaliser ceux qui luttent.
Une stratégie qui n’est pas nouvelle, puisque déjà le gouvernement en 2012 avait traité de hors-la-loi les mineurs grévistes de Marikana, justifiant une répression faisant 34 morts.
Les caciques de l’ANC se réfugient derrière le respect de la légalité, comme le ministre des Mines, Gwede Mantashe, en affirmant : « C’est un crime contre l’économie, c’est une attaque contre l’économie », pour justifier cette politique indigne, alors que la plupart sont éclaboussés par des scandales de corruption et de détournement de fonds.
Les « zama zamas » sont avant tout des travailleurs pauvres qui tentent de récupérer quelques minerais pour faire vivre leur famille.
La seule solution qui vaille est de régulariser cette activité, ce que d’ailleurs beaucoup de pays africains ont fait. Cela aurait l’avantage de soustraire ces travailleurs aux mafias locales en favorisant leur auto-organisation.
Paul Martial