Publié le Mardi 3 novembre 2020 à 22h09.

En Algérie, défaite historique du régime

Lors du référendum constitutionnel en Algérie organisé le 1er novembre 2020, le régime Algérien vient de subir une grande défaite politique inégalée dans l’histoire de l’Algérie indépendante.

En effet, sur 24.475.310 inscritEs, le nombre de votants a été de 5.636.172, ce qui représente 23,7% du corps électoral.Le nombre d’électeurs ayant voté « Oui » est de 3.355.518 (66,80%), tandis que celui des votants par « Non » est de l’ordre 1.676.867, soit 33,20 % des voix exprimées. Quand au nombre de bulletins nuls ils s’élèvent a 633.885, alors que les voix objets de litige s’élèvent à 407, bien sûr selon les chiffres officiels. Ce qui fait que près de 77 % des électeurs et électrices Algériens n’ont pas participé au vote. Cependant, si on additionne ceux qui n’ont pas dit oui aux amendements constitutionnels, ça donne 21.119.792 électeurs, soit 86,29% du corps électoral. Ainsi, les Algériens auront une Constitution adoptée par moins de 14% du corps électoral…

Ces résultats montrent d’une manière lancinante que le régime s’enfonce d’avantage et que son hégémonie sur la société a pris d’autres sérieux coups considérables. Tebboune a même perdu beaucoup de voix comparativement aux chiffres officiels annoncés lors de l’élection présidentiells du 12 décembre 2019. Malgré le soutien politique des ses ex-concurrents à la présidentielle, de la direction de l’UGTA, de certains partis islamistes et d’autres partis qui ont boycotté les précédentes élections, le référendum constitutionnel n’a même pas drainé l’essentiel de son ancienne base électorale. Ces chiffres montrent que le régime n’arrive pas encore à consolider et à renforcer sa base sociale.

Le contexte du scrutin

À travers ce scrutin référendaire, le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune voulait un plébiscite populaire pour renforcer son régime illégitime, comme l’a fait son prédécesseur Bouteflika lors de son premier mandat dans l’espoir de glaner quelque « légitimité populaire ». Mais, c’est dans un contexte de pandémie du Covid-19, de couvre-feu et de restrictions sanitaires des plus contraignantes, que le pouvoir algérien a voulu opérer son coup de force politique à travers le référendum. 

Lors du couvre-feu sanitaire, le régime a profité de l’aubaine pour museler toutes libertés démocratiques, interdire les réunions et l’arrestation de centaines d’activistes et de militants politique. La crise sociale s’est accentuée davantage à cause de la pandémie, des milliers de travailleurEs et de précaires se sont retrouvés sans travail et sans ressources financières. Face à cette situation, le gouvernement n’a pas mobilisé ses moyens colossaux pour venir en aide à ces millions de gens en détresses. Des centaines de protestations des travailleurEs ont été enregistrées dans plusieurs secteurs d’activités et dans plusieurs localités.

Sur le plan sanitaire, la situation est plus que catastrophique dans les structures de santé publique et les moyens de protection, quand ils sont disponibles, sont inaccessibles pour la majorité des AlgérienEs. Les promesses du régime sur « l’Algérie nouvelle » se sont avérées des chimères et de la poudre aux yeux, y compris dans certains secteurs qui ont cru au changement promis par les tenants du régime. Ce qui a fait que la campagne sur le référendum a été fade et n’a pas accroché l’extrême majorité des Algériennes et des Algériens, d’autant plus que le texte proposé n’apporte aucun changement notable à l’ancienne Constitution. Le Président et l’exécutif gardent les mêmes pouvoirs exorbitants. Le régime na pas encore compris que le Hirak populaire a labouré la société pendant des mois et que les AlgérienEs ne veulent plus vivre comme avant. La question de la souveraineté populaire, le respect des libertés démocratiques et la justice sociale, demeurent les principales aspirations d’un peuple en lutte depuis février 2019.

Quel pronostic pour l’avenir ?

Face à la nouvelle donne et à l’échec cuisant du régime dans son entreprise de continuité, on doit s’attendre à plus de fermeture politique, de répression et de recompositions avec les cercles les plus rétrogrades de la société. Pour sauver l’ordre établi, le régime va faire plus de concessions aux pays impérialistes et au patronat privé local pour avoir des soutiens politiques, ô combien nécessaires pour sa survie.

En face, le Hirak populaire et la classe ouvrière doivent s’organiser davantage pour défendre nos acquis démocratiques et sociaux. La prochaine étape exige une convergence de toutes les luttes sociales et politiques dans notre pays pour imposer une transition démocratique et sociale, à travers l’élection d’une assemblée constituante souveraine qui réponde aux aspirations démocratiques et sociales du peuple Algérien. L’exemple chilien, avec toutes ses limites, montre la voie.