Publié le Dimanche 26 janvier 2014 à 15h32.

Allemagne : Merkel au sommet

Lors de son intervention mardi 14 janvier, Hollande a fait une série de « propositions » plus ou moins crédibles, censées « dynamiser » la relation entre capitalistes français et allemands. Il est notamment question d’une « initiative pour une convergence économique et sociale » entre les deux pays. Tout le problème est de savoir sur quelles bases se ferait une telle « convergence ».

Or, en l’état actuel des rapports de forces entre les deux puissances, peu de doutes sont permis : c’est bien Merkel qui aura la main. La réaction du gouvernement allemand, se félicitant du « coming out » social-démocrate de Hollande, de son « courage », ne laisse d’ailleurs aucun doute sur les rapports de forces réels.Succès de la droite, gauche en berneCar l’appel de Hollande ne tombe pas n’importe quand. Sur fond d’atonie sociale, les récentes élections ont été un succès incontestable pour Merkel et la droite antisociale de la CDU-CSU. Forte de son bilan, de la crise politique de la social-démocratie locale (le SPD), Merkel a pu rassembler autour d’elle la quasi-totalité de l’électorat de droite, en marginalisant le parti libéral en pleine déroute. Quant au SPD et aux Verts, leurs résultats sont restés proches de ceux de 2009. Enfin, Die Linke enregistre un recul limité. Dans ces conditions, l’appareil social-démocrate a somme toute pu facilement faire avaler à sa base la constitution d’un gouvernement de coalition, qui se fait évidemment aux conditions politiques de Merkel.Un salaire minimum horaireIl n’en demeure pas moins que Merkel devait faire quelques « gestes » pour permettre à la bureaucratie social-démocrate de se rallier à elle. L’instauration d’un salaire minimum horaire de 8,50 euros en fait partie. Mais pour prendre la mesure de cette « avancée », il faut déjà savoir que le Smic horaire brut français est actuellement de 9,53 euros...Au-delà, il y a 17 % de salariéEs en Allemagne (surtout à l’Est) qui touchent moins de ce minimum de 8,50 euros. Mais ces travailleurs pauvres bénéficient quand même en plus de prestations sociales. Or avec le nouveau dispositif, celles-ci sont appelées à diminuer. L’avancée sociale annoncée est donc des plus limitées...Europe, la continuitéMais cette concession au SPD mise à part, le programme du gouvernement de coalition se situera pour l’essentiel dans la continuité de la politique suivie par Berlin jusqu’ici. Concernant l’Union européenne, « les règles de l’économie sociale de marché qui ont fait leurs preuves doivent constituer la charpente de l’union économique et monétaire de l’avenir », affirme le traité de coalition. Bref, on continue.Et que personne ne s’attende à la moindre « solidarité européenne ». Le programme du gouvernement Merkel III, c’est l’austérité pour tous : « chaque forme de mutualisation des risques liés aux dettes publiques mettrait en danger l’indispensable ajustement des politiques nationales dans chacun des États membres ».C’est sur cette politique que s’est donc aligné Hollande le 14 janvier. On peut comprendre que Merkel s’en félicite.Pascal Morsu