Publié le Mercredi 10 janvier 2018 à 14h31.

Argentine : Luttes ouvrières et répression

En décembre 2017, deux mois après avoir gagné les élections législatives, le président Macri a lancé un nouveau plan d’austérité pour satisfaire les exigences du grand capital. La première mesure, approuvée par le Parlement, a été la loi de réforme des retraites, diminuant brutalement le montant des pensions de retraite et réduisant les droits des retraités. Cela a provoqué une mobilisation massive dans tout le pays.

Cette lutte du peuple argentin fait partie de la résistance des populations de l’Amérique latine aux plans d’austérité capitalistes propres à cette phase de crise.

Les temps forts de cet affrontement entre la population et le gouvernement ont été les manifestations face à l’Assemblée nationale les 14 et 18 décembre, avec d’importants contingents ouvriers, mais aussi la jeunesse et de nombreux militantEs politiques. La manifestation du 18 décembre a réuni autour de 150 000 personnes et a été convoquée par les organisations de gauche et les noyaux de militants syndicaux « lutte de classe ». Les directions syndicales bureaucratiques se sont opposées ouvertement à la manifestation, laquelle, en revanche, a reçu l’appui de la population.

Un tournant politique

Il s’agit d’un tournant politique important, d’une rupture du mouvement ouvrier avec le péronisme qui montre, pour la première fois, la capacité des organisations révolutionnaires et de classe à concrétiser des actions massives et combatives. Le rôle des organisations trotskystes, dans leur majorité regroupées dans le FIT (Front de la gauche et des travailleurs qui réunit le Parti ouvrier, le Parti des travailleurs socialistes et la Gauche socialiste) est très significatif. Le passage de la loi de réforme de retraites, qui est soutenue par la bureaucratie syndicale péroniste, est le produit d’un accord politique du gouvernement, du péronisme et du kirchnérisme.

La mobilisation populaire s’est donc affrontée aux principales forces politiques du pays, à un gouvernement qui venait de gagner les élections et aux bureaucraties syndicales. La répression a été brutale et s’est même dirigée contre les députés de l’opposition qui sont sortis du Parlement pour défendre des manifestants. Il y a eu des dizaines de blessés et de détenus.

Le gouvernement a lancé une campagne accusant la gauche et les militantEs ouvriers de « violences contre la police » et de « plans subversifs ». Des militantEs sont emprisonnés et d’autres poursuivis avec ordre d’arrestation. Des menaces d’interdiction visent les organisations de la gauche. 

Colère populaire

Parallèlement à ces persécutions contre le mouvement social, les militants syndicaux, la gauche, les grèves, le mouvement mapuche et les jeunes des quartiers populaires, des mesures favorables sont prises en faveur des assassins de la dictature militaire, comme Miguel Etchecolatz, qui a récemment été autorisé à purger sa peine de prison à son domicile. Une répression et une complaisance qui provoquent une véritable colère populaire. À la raffinerie de sucre « La Esperanza », dans le nord du pays, la police a réprimé la lutte contre les licenciements et a emprisonné les animateurs du mouvement ; mais la mobilisation a obtenu la libération des prisonniers. À Mar del Plata, la population continue à manifester contre la présence d’Etchecolatz dans la ville.

Les organisations de lutte regroupées dans la coalition « Mémoire, Vérité et Justice », appellent à une série d’actions et à une grande marche le jeudi 11 janvier à Buenos Aires, depuis le Congrès jusqu’à la Place de Mai, pour la libération des prisonniers politiques et syndicaux, contre la prison à domicile pour les assassins, contre la persécution des communautés indigènes, contre le plan d’austérité et la répression de Macri et des gouverneurs.

En Argentine, on est en train de vivre un « été chaud », qui mérite de retenir toute notre attention politique et toute notre solidarité militante. 

Correspondant