Publié le Lundi 17 janvier 2022 à 11h23.

Au Brésil, des militant·e·s du PT lancent un manifeste contre l’alliance entre Lula et Alckmin

Mardi 11 janvier, la presse et les réseaux sociaux brésiliens ont fait écho à une initiative des militantEs du PT, une pétition en ligne contre la possible alliance entre Lula et Geraldo Alckmin, l’ancien Tucano [allusion à son statut d’ancien gouverneur de l’Etat de São Paulo] qui se rapproche de Solidariedade [parti créé en 2013, social-libéral], tout en parlant au PSB-Parti socialiste brésilien et au PSD-Parti social-démocratique.

Cette pétition a le soutien de poids lourds du PT, comme les ex-présidents du parti : Rui Falcão [député fédéral du Minas Gerais] et José Genoino [député fédéral de São Paulo]. Après des rumeurs sur la scène politique et les conversations entre Lula et Alckmin, le débat sur une éventuelle alliance Lula-Alckmin a provoqué d’importantes discussions dans les rangs militants de la gauche1.

« Geraldo Alckmin a soutenu le coup d’État »

Dans le manifeste qui accompagne la pétition, les promoteurs affirment qu’un éventuel gouvernement de gauche ferait face à « l’opposition du bolsonarisme, du lavajatisme [allusion à la candidature de l’ancien juge Sergio Moro qui utilisa la campagne anti-corruption, dite Lava Jato, entre autres contre Lula] et du néolibéralisme », des forces politiques qui « ont applaudi et bénéficié de la condamnation, de l’emprisonnement et de l’interdiction de Lula en 2018 ». Le manifeste dénonce le rôle de l’ancien gouverneur de São Paulo dans tout ce processus qui a culminé avec l’élection de Bolsonaro, comme l’expression ultime du coup d’État initié en 2016 [destitution de Dilma Rousseff].

« Geraldo Alckmin a participé et soutenu publiquement l’ensemble de ce coup d’État et de cette opération néolibérale », poursuivent les pétitionnaires, rappelant même une partie de la biographie d’Alckmin et de ses quatre mandats de gouverneur de São Paulo, marqués par une « longue trajectoire de lutte contre les positions nationales, démocratiques et développementistes ». Son administration a été marquée par des attaques « contre les travailleurs en général, contre les fonctionnaires, contre ceux et celles des secteurs de la santé et l’éducation, contre la sécurité publique, contre les hommes et les femmes noirs, contre les jeunes et les étudiants, contre les habitants de la périphérie, contre les conditions environnementales ».

Un texte utile mais insuffisant

La pétition semble être dirigée vers la base militante du PT. Dans ce sens elle tend à limiter ce débat sur la politique des alliances dans un cadre limité au cercle du PT et non comme un débat qui impliquerait la gauche dans son ensemble ainsi que les mouvements sociaux, dans le but de construire une alternative politique pour le pays.

Le texte, sous forme de pétition, n’aborde pas non plus des questions fondamentales, comme celle du programme, c’est-à-dire quelles propositions pour le pays devrait avancer la candidature de Lula afin de répondre aux besoins du peuple brésilien et combattre les inégalités socio-économiques, en réalisant, comme le souligne le texte lui-même, des « transformations profondes au Brésil ».

Le manifeste ouvre toutefois une discussion importante qui devrait inclure l’ensemble des militantEs de gauche et des mouvements sociaux dans le pays, comme les mouvements féministes, antiracistes, LGBTI, de la jeunesse et des travailleurs, afin que nous puissions construire un projet d’indépendance de classe, sans bourgeois et sans putschistes, et un front de gauche qui fasse appel aux masses et renforce la lutte pour le pouvoir dans une perspective qui serve la majorité populaire et fasse progresser des mesures anticapitalistes.

Texte publié le 11 janvier 2022 sur le site Esquerda Online, qui représente la tendance Resistencia du PSOL; traduction rédaction A l’Encontre