La victoire de Donald Trump semblerait presque anodine du point de vue palestinien, tant l’administration démocrate a prouvé son incapacité et son manque de volonté à stopper le génocide en cours et imposer un cessez-le-feu. L’horreur étant déjà installée, quelle différence cela ferait-il ? Pour autant, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche risque d’aggraver la situation en Palestine et au Proche-Orient.
En effet, l’alignement de Donald Trump sur les positions de Netanyahou font craindre le pire. Lors de son dernier mandat, conseillé par des sionistes radicaux comme David Friedman et Jared Kushner, il avait réussi à effacer la question palestinienne des agendas diplomatiques.
La question palestinienne hors des agendas diplomatiques
Ainsi, en décembre 2017 moins d’une année après sa première élection, il annonçait le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, rompant ainsi avec un consensus international établi sur le statut de la ville sainte.
En août 2018, les États-Unis réduisaient considérablement leur aide à l’UNRWA, passant de 360 à 60 millions de dollars, puis procédaient en septembre 2018 à la fermeture de la délégation de l’OLP à Washington.
La signature des accords d’Abraham
Le coup de grâce fut porté aux PalestinienNEs lors de la conclusion des accords d’Abraham normalisant les relations entre Israël et certains pays arabes — les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Négociés sous le patronage de Donald Trump, ces accords ont rompu avec la politique jusqu’alors adoptée par les pays arabes, dite de « terre contre paix » : en contrepartie d’une normalisation des relations, l’édification d’un État palestinien indépendant. Ce fut notamment l’objet d’un accord proposé en 2002 par la Ligue arabe et ignoré par Israël.
Les accords d’Abraham ont renversé cette perspective puisqu’aucune garantie ne fut obtenue pour les PalestinienNEs : on entérinait la possibilité d’une normalisation sans résolution du conflit.
L’Arabie saoudite aurait été le prochain pays à signer ce traité, si les attaques du 7 octobre n’étaient pas intervenues, sans doute d’ailleurs pour l’en empêcher.
La menace de l’Iran
Derrière ces accords, un objectif caché et surtout un ennemi commun : l’Iran. En effet, les monarchies du Golfe se sentent de plus en plus menacées par l’Iran et ses affidés au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban. Pour Israël, l’Iran représente une grande menace : en se dotant de l’arme nucléaire, la République islamique avait aboli le monopole dont disposait Israël sur la région.
Sur la question iranienne, Donald Trump se trouve également parfaitement aligné sur les positions israéliennes. La dénonciation par ce dernier, en 2018, de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien — conclu entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et l’Allemagne sous l’administration Obama — fut particulièrement bien accueillie par Netanyahou.
Cet accord prévoyait la levée des sanctions contre l’Iran en échange d’un arrêt du programme de recherche nucléaire militaire et de contrôles internationaux. Trump revint à une politique de sanctions : il ne voulait pas d’une stratégie de désescalade et avait pour objectif d’affaiblir l’Iran.
Netanyahou et Trump alignés
Ainsi, le retour de Trump à la Maison Blanche conforte l’actuel gouvernement israélien dans la poursuite de sa politique génocidaire.
Il est à craindre que le feu vert ne soit donné pour une annexion pleine et entière de la Cisjordanie et la recolonisation de Gaza : le lendemain de l’élection américaine, l’armée israélienne a annoncé que les PalestinienNEs du nord de Gaza ne seront pas autorisés à rentrer chez eux.
Une guerre avec l’Iran, conforme aux vœux de Netanyahou, est également à craindre. Les dernières frappes israéliennes ont visé directement des sites nucléaires. Cependant, du fait de la taille du pays et de son éloignement géographique, la destruction totale et effective des installations nucléaires iraniennes supposera une aide militaire plus accrue des États-Unis par la livraison d’armes encore plus puissantes à Israël, voire par une participation directe sur le terrain. Ce scénario est aujourd’hui malheureusement à envisager.
Farah M.