Le 7 juin prochain, les élections européennes coïncideront en Belgique avec des élections régionales dans un Etat fédéral qui a connu récemment sa plus longue tourmente institutionnelle.
Mais, avec la crise du capitalisme, les «querelles communautaires» entre les partis traditionnels francophones et néerlandophones sont désormais passées à l'arrière-plan. Le pays étant très dépendant du marché international, cette crise frappe durement une série de secteurs-clé comme l’industrie automobile et la sidérurgie, où la production a été réduite de 71%. Depuis le mois de septembre 2008, plus de 15.000 emplois ont été supprimés dans tout le pays et les prévisions pour 2009 sont pires: 60.000 pertes d'emplois et 100.000 personnes supplémentaires au chômage. Un ouvrier sur trois est aujourd'hui en chômage temporaire.
Comme ailleurs, si le gouvernement a rapidement injecté 22 milliards d'euros pour sauver les banquiers, il refuse de satisfaire les besoins sociaux de plus en plus criants. Malgré cette situation, les directions des deux puissants syndicats FGTB (socialiste) et CSC (chrétien) sont totalement passives; aucune perspective de lutte sérieuse n'est envisagée. Seule l'aile wallonne du syndicat FGTB mène actuellement une intéressante campagne de sensibilisation anticapitaliste, mais elle ne se traduit pas encore sur le terrain de l'action.
C'est dans ce contexte que la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR, section belge de la IVe Internationale) se présente aux élections afin de défendre trois axes; 1° La nécessité, en Belgique comme dans toute l’Europe, d’une mobilisation sociale d’ensemble pour empêcher que la population paye les conséquences d'une crise dont elle n'est pas responsable. 2° Un plan d’urgence sociale et écologique, pour interdire les licenciements, augmenter les salaires, réduire le temps de travail, défendre et étendre les services publics et nationaliser les banques, l'énergie, etc. 3° Une alternative globale et anticapitaliste pour en finir avec un système qui génère les crises, la misère, les catastrophes écologiques et la guerre. Une alternative non capitaliste et non productiviste; l’écosocialisme.
Depuis des années, la LCR prône la construction d’une nouvelle force politique anticapitaliste à gauche du PS et des Verts. Face à l’absence d’une perspective concrète pour la réaliser à la veille des élections, elle avait plaidé pour que se réalise un front électoral unitaire des principales organisations de la gauche radicale et anticapitaliste. Mais les démarches entreprises dans ce sens envers le PTB (Parti du Travail de Belgique, maoïste, principal parti à «gauche de la gauche») et le PC ont été infructueuses. La question de bases politiques clairement anticapitalistes, de la nécessité de rompre avec l'Union européenne, les méthodes de négociation et le temps imparti ont pesé sur le processus de discussion et n’ont pas permis d’obtenir un accord pour une liste unitaire large.
Malgré tout, aux élections européennes, la LCR se présente avec le PSL (Parti Socialiste de Lutte, l'équivalent belge de la Gauche Révolutionnaire au sein du NPA). Au-delà des divergences, bon nombre de revendications et d'exigences fondamentales sont communes, ainsi qu'une analyse sensiblement convergente de la situation présente. Tout comme la LCR, le PSL participe également aux rencontres internationales de partis de la gauche radicale afin de constituer un pôle anticapitaliste européen. Une liste unitaire «LCR-PSL» a donc été constituée, sur base d’une déclaration politique et avec du matériel et des activités communs, tout en permettant à chaque organisation de mener sa propre campagne de façon autonome, avec son programme et ses revendications spécifiques. Ensemble, la LCR et le PSL ont récolté plus de 7.500 signatures d'électeurs/trices afin de pouvoir légalement participer au scrutin. La tête de liste est Céline Caudron (LCR), 28 ans, militante féministe.
En outre, pour les élections au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, une unité large a été réalisée à ce niveau puisque les sections régionales du PC, du PSL, de LCR et du Parti Humaniste, se sont rassemblées sur une même liste sur base d'une plateforme clairement anticapitaliste.
La LCR et le PSL veulent avant tout utiliser ces élections comme une tribune pour populariser la nécessité des luttes, d'un plan d'urgence sociale et d'une rupture avec cette Europe du capital. Tant la LCR que le PSL insistent sur le fait que la question d'une nouvelle force politique en Belgique, à l'image du NPA, se posera avec de plus en plus d'acuité dans les mois à venir. Dans cette perspective, l'émergence de mobilisations sociales d'ampleur pour faire payer la crise aux capitalistes sera déterminante.
Ataulfo Riera
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