Publié le Mardi 14 avril 2009 à 16h32.

Bolivie : guerre d'usure...

L'opposition de droite fait tout pour empêcher la tenue des élections présidentielles et législatives de décembre pour lesquelles le président Evo Morales est donné favori.

Evo Morales a commencé une grève de la faim, jeudi 9 avril, suivi par des centaines de partisans aux quatre coins du pays. Cette action est une protestation contre le boycott par l'opposition des débats parlementaires sur l'adoption d'une nouvelle loi électorale et la menace qui pèse ainsi sur la tenue des élections présidentielle et législatives du 6 décembre 2009. Cette nouvelle loi électorale s'inscrit dans le cadre juridique proposé par la nouvelle Constitution, approuvée le 25 janvier par plus de 62% des Boliviens.

Comme lors des précédents scrutins remportés par Morales, la droite parlementaire et les préfets des régions amazoniennes s'entêtent à contester les résultats du vote sur la Constitution. Ils délégitiment la Cour nationale électorale, l'accusant d'être vendue au pouvoir. Ils remettent en cause la validité du registre électoral, soupçonné de dissimuler des pratiques frauduleuses dans les campagnes, où les scores favorables au Mouvement vers le socialisme (MAS) de Morales ont parfois frôlé les 100%.

Pourtant, les dynamiques communautaires y régissant habituellement le vote permettent de comprendre l'existence de tels comportements « unanimistes » dans le monde rural bolivien. L'opposition a également exprimé ses doutes sur la transparence du vote des Boliviens vivant à l'étranger - une population généralement issue des campagnes et plutôt favorable au gouvernement -, en insinuant notamment que les ambassades se convertissent en nids de fraude.

Exprimées sur des questions démocratiques, les préoccupations exprimées par la droite ne sont pas dénuées de motivations politiques. En contraignant le pouvoir à l'élaboration d'un nouveau registre électoral, qui plus est numérisé, la droite serait en effet quasiment assurée d'obtenir le report d'élections pour lesquelles elle apparaît dépourvue tant de leader que de programme. L'opposition n'a cessé, depuis l'arrivée du MAS au pouvoir, de délégitimer la mobilisation enclenchée par le mouvement populaire.

En se lançant dans une grève de la faim, Morales cherche à bloquer les manoeuvres de l'opposition et à la contraindre à s'asseoir à la table des négociations. Reste à savoir si cela suffira pour garantir la tenue du scrutin à la date prévue et sans que les négociations éventuelles ne soient synonymes d'un recul significatif pour les syndicats paysans et ouvriers.

À l'heure où nous écrivons ces lignes, le dénouement de cette énième crise provoquée par la droite reste incertain.

De La Paz, Hervé Do Alto.

Dernière noiuvelle : le mardi 14 avril, le congrès bolivien a voté la nouvelle loi électorale de compromis et Morales arrête sa gruève de la faim.