Fin mars à Tunis, la plupart des participantEs du Forum social mondial (FSM) ont dû voir à un moment ou un autre les réfugiéEs de Choucha. Venus de Choucha, un camp situé à la frontière tuniso-libyenne, ceux-ci étaient fortement présents pour attirer l’attention du monde sur leur combat.Ce combat n’a pas cessé depuis la fin du FSM. 41 réfugiéEs ont entamé une grève de la faim à Tunis devant les locaux du HCR (commissariat des Nations unies pour les réfugiéEs), et au moins sept participants ont dû être hospitalisés.Le nom de Choucha a commencé à être connu au printemps 2011, quand des centaines de milliers de travailleurs immigrés ont fui la Libye en guerre. Beaucoup passèrent par le champ de Choucha, dont la majorité ont été plus ou moins rapidement rapatriés vers leurs pays d’origine. Y sont restés celles et ceux pour qui cela était impossible. Des réfugiéEs risquant leur vie en cas de retour, ou par exemple originaires de Somalie, du Soudan, de l’Erythrée. Certains ont été intégrés dans des programmes de « réinstallation » sous l’égide du HCR.« Abandonnés dans le désert »Aujourd’hui, on trouve deux groupes dans le camp. D’un côté, environ 400 réfugiés qui se sont vu reconnaître le statut de réfugié (Convention de Genève) par l’HCR, mais à qui on refuse une « réinstallation » dans un autre pays. On leur oppose le fait qu’ils seraient arrivés « trop tard » à Choucha, la procédure étant close. La Tunisie ne connaissant pas de statut de protection des réfugiés, ils souhaitent être réinstallés, que ce soit en Europe ou dans un autre pays africain. Par ailleurs, environ 220 réfugiés se sont vu refuser le statut de réfugié, souvent suite à des procédures bâclées. La direction du camp, sous le contrôle de l’armée tunisienne qui veut le fermer au 1er juillet, fait tout pour diviser ces deux groupes.Le 11 avril, une journée de solidarité internationale pour ces réfugiés a eu lieu, avec des actions à Tunis, à Berlin, La Haye, Paris et à Rabat, souvent devant les bureaux locaux du HCR. Pour faire aboutir les revendications des réfugiéEs de Choucha, qui luttent pour leur dignité et afin de ne pas être « abandonnés dans le désert » – comme ils l’ont formulé dans un tract distribué lors du FSM –, il faut continuer et élargir cette campagne, en y associant des forces tunisienne, européenne et africaine.Bertold du Ryon
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