Publié le Vendredi 4 janvier 2019 à 12h20.

Contre l’Europe forteresse

Retour sur l'année 2018. Les gouvernants européens et américains, chauvins de l’Est et de l’Ouest, se rejoignent pour mener la même politique xénophobe et raciste. Des milliers de migrantEs meurent en Méditerranée, devenu le plus grand cimetière marin, les murs frontaliers se construisent sur des milliers de kilomètres… Du côté des gouvernants, la recette est partout la même : la vieille tactique du bouc émissaire, qui marche d’autant plus que les sociétés vont mal. Elle augmente ainsi le racisme et le nationalisme qui sont le fond de commerce de l’extrême droite. Et l’on voit de façon inquiétante monter en Europe, en France, en Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie… des courants fascisants qui font du nationalisme, du repli sur les frontières et de la chasse aux migrantEs leurs principaux chevaux de bataille.

Les migrations ne sont pas les causes des crises

Le capitalisme déclinant génère toujours plus de crises, de guerres, de misère, de catastrophes liées au réchauffement climatique, poussant les populations à l’exil. Les pays du Sud sont les plus pauvres car ils ont été dépossédés, ruinés par les colonialismes européens. Ils sont toujours la proie des multinationales qui exploitent leurs ressources et leurs populations. Ils sont, en plus, victimes du réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables ! Les méfaits de ce nouvel ordre international injuste, démultiplié par la mondialisation, frappent les pays européens eux-mêmes. Les ex-pays d’Europe de l’Est se sont paupérisés après la chute du Mur et des régimes staliniens. Et, signe des temps, dans des pays comme l’État espagnol ou la Grèce, d’importants mouvements migratoires poussent la jeunesse à l’exil tant son avenir est bouché. 

Dans l’Union européenne, c’est la concurrence et la soif de profits des capitalistes qui provoquent le nivellement par le bas des revenus, des protections sociales et des conditions de travail, pas les migrantEs. L’immigration n’est pas plus responsable du démantèlement des acquis sociaux que les chômeurEs, et pas plus que les femmes, lorsqu’il y a un siècle, certains dans le mouvement ouvrier s’opposaient à leur entrée sur le marché du travail… 

La politique de fermeture des frontières tue

La fermeture des frontières, la construction de camps et de murs détournent les voies de passage vers des routes de plus en plus dangereuses sur terre ou sur mer comme en Méditerranée (40 000 mortEs en 15 ans, dont 3 770 l’année dernière ; sans compter les 10 000 à Mayotte et les mortEs dans les déserts). Au nom de la lutte contre les passeurs et au lieu d’ouvrir des voies d’immigration légales et sûres, le feu vert est donné pour mener des opérations armées contre les navires transportant les migrantEs. Stationné dans le port de Marseille, l’Aquarius est interdit de navigation. Dans un nombre croissant de pays membres de l’UE, les soldats sont mobilisés au côté des policiers pour contrôler les populations réfugiées. Au frontières, Frontex, le système de surveillance de l’UE, fait le tri et la traque des étrangers. Les « hotspots », ces centres externalisés de contrôle des migrantEs, créés d’abord en Italie et en Grèce, s’étendent au Niger, au Tchad, en Libye… Jamais autant de moyens n’ont été mis pour le contrôle des frontières. Mais aucun mur ne peut arrêter unE réfugiéE poussé à fuir.  

Pour la liberté de circulation et d’installation 

La liberté d’installation et de circulation est la seule mesure qui pourrait enrayer cette hécatombe sur les chemins de l’exil. Ouvrir les frontières de l’Europe forteresse, c’est permettre aux gens de migrer dans des conditions dignes et sûres. C’est faire disparaître la clandestinité et les passeurs. Quand les marchandises et les richesses circulent librement sur le planète, quoi de plus normal que les êtres humains veuillent en faire autant ? Chaque personne a le droit fondamental de vivre dignement et de jouir de tous les droits politiques et sociaux du pays où elle réside.

Partout, nous devons nous battre pour une autre politique. Les maires de Riace ou de Palerme montrent ce qu’il est possible de faire pour un accueil digne et efficace. Certes, la marée brune monte en Europe. Mais partout aussi existent des actions de solidarité, des associations qui mettent en pratique les exigences de respect des droits fondamentaux pour toutes et tous. Elles doivent s’unir, se faire entendre. Les élections européennes pourront être une occasion parmi d’autres d’affirmer cette voix internationaliste.

Commission nationale migrations-antiracisme