« Bla, bla, bla » : c’est ce que peut dire l’immense majorité du peuple égyptien reprenant l’expression de Greta Thunberg au sujet de la COP26. Malgré la propagande sur le rôle déterminant de l’Égypte et plus particulièrement de Sissi dans cette COP, personne n’y croit et la préoccupation de millions d’EgyptienEs est de savoir comment manger à sa faim, se soigner et éduquer ses enfants.
En Égypte, l’État est complètement exsangue et a dû pour la deuxième fois en six mois dévaluer la livre égyptienne qui a perdu 54 % de sa valeur, condition à l’obtention d’un prêt du FMI de trois milliards de dollars indispensable pour maintenir les subventions sur les produits de première nécessité afin de contenir le mécontentement social qui grandit.
La région du monde la plus touchée par le changement climatique
Les températures sont de plus en plus élevées et les sécheresses de plus en plus importantes. En Égypte, les précipitations ont baissé de 22 % en 30 ans et la construction par l’Éthiopie du Grand barrage de la Renaissance a diminué le débit du Nil qui assure à 98 % les besoins en eau du pays. La sécurité alimentaire est fragilisée par la guerre en Ukraine et par la salinisation des terres du Delta qui perdra en 2050 un tiers de sa superficie, submergé par la mer avec une hausse prévue de 1 mètre. Des villes historiques comme Alexandrie disparaîtront et des millions de personnes seront déplacées.
Un État qui se fiche de l’environnement
D’un côté, il y a les grands projets « verts » dont on se glorifie comme le plus grand parc solaire d’Afrique, mais de l’autre on développe l’agrobusiness, le tourisme de masse, les carrières et les cimenteries. Emblématique : la construction de la nouvelle capitale administrative à 45 km à l’est du Caire en plein désert et où tous les bâtiments dont la plus haute tour d’Afrique seront équipés de climatiseurs.
Un pays qui bafoue les droits humains
Harcèlements, intimidations, arrestations arbitraires, procès iniques, tout est bon pour faire taire les voix dissidentes. En prévision de la COP le gouvernement a annoncé la grâce de 766 prisonnierEs sur les 60 000 comptéEs mais dans le même temps 1 540 autres ont été emprisonnéEs dont certainEs avaient bénéficié de la grâce présidentielle.
Depuis quelques semaines la police arrête des centaines de personnes soupçonnées d’avoir appelé à manifester. Le 11 novembre, les rues des villes étaient quadrillées par les forces de police craignant à tort une réédition du soulèvement du 25 janvier 2011.
Liberté pour Alaa et les 60 000 autres !
Figure du soulèvement populaire de 2011 confisqué dès 2013 par les militaires, Alaa Abdel Fattah en est désormais à sept mois d’un jeûne quasi suicidaire pour protester contre sa énième condamnation en 2019 pour avoir dénigré l’armée et la police. Le 6 novembre, il a arrêté de boire mais devant les réactions de plusieurs dirigeants, Sissi a déclaré cyniquement qu’il se portait bien et qu’il recevait des soins médicaux. Macron qui tient aux bonnes relations avec l’Égypte, premier client pour les armes françaises, a repris cette déclaration mais personne n’est dupe : Alaa est sûrement alimenté de force, ce qui, pour le droit international, est un acte de torture.
Solidarité avec Alaa et les autres !
À Alexandrie, Hoda Ahmed