Les heurts se multiplient et la liste des morts s’allonge. Pendant ce temps les puissances impérialistes ne voient que leurs intérêts.Malgré les apparence, Alassane Ouattara est dans une situation plutôt inconfortable même si sa victoire électorale est reconnue par la communauté internationale, qui a dû fermer les yeux sur les nombreuses fraudes ayant eu lieu dans les régions nord, contrôlées par les Forces nouvelles au détriment de son rival Laurent Gbagbo. Ouattara, dans son nouveau costume de Président, se doit de rester à Abidjan, mais est ainsi coupé de l’essentiel de sa base qui se trouve au nord du pays. De plus, le temps semble jouer contre lui. La tentative de débloquer la situation en envoyant la population marcher vers la Radio Télévision ivoirienne et sur le palais présidentiel s’est soldée par au moins une dizaine de morts, sans que rien ne bouge. Le renouvellement de la marche le lendemain a été un fiasco faute de mobilisation populaire. Les tentatives de certaines ambassades occidentales pour débaucher des membres de l’état-major de l’armée ivoirienne fidèle à Gbagbo ont été aussi vaines.Il ne reste plus, pour Ouattara et ses alliés occidentaux, qu’à accentuer les menaces et à isoler Gbagbo sur la scène internationale en accréditant les ambassadeurs de Ouattara, et surtout à tenter d’étrangler financièrement le régime par le biais de la Banque centrale d’Afrique de l’ouest. L’acharnement des métropoles impérialistes contre Gbagbo n’est pas motivé par la défense de la démocratie en Afrique. Leur soutien sans faille aux nombreux dictateurs – Déby au Tchad, Bozizé en Centrafrique, Ben Ali en Tunisie etc. – et aux multiples mascarades électorales au Congo Brazzaville, Gabon, Togo, Burkina Faso et tout récemment en Égypte l’attestent. Depuis dix ans qu’il est au gouvernement, Gbagbo n’a pris aucune mesure en faveur des besoins sociaux de la population et n’a pas eu une gestion progressiste, bien au contraire. Il a attisé la xénophobie en prônant l’ivoirité, la corruption s’est généralisée, l’arbitraire et les atteintes aux droits de l’homme aussi. Ce que l’impérialisme ne lui pardonne pas, c’est sa tentative de s’en émanciper lors des premières années de son gouvernement. Même s’il a rapidement changé sa position au point d’imiter ses pairs du pré carré africain en offrant de gré à gré aux entreprises françaises les marchés juteux de la Côte d’ivoire, il est et reste pour les capitales occidentales un personnage qui n’est pas totalement contrôlable et donc potentiellement source de crise. Et ce n’est pas un hasard si les deux puissances impérialistes protagonistes de la crise, sont la France avec ses intérêts économiques et les États-Unis présents à travers ses multinationales comme Umic (Ocean Energy) qui exploite le pétrole offshore ou Philip Brothers (Phibro) qui commercialise le cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial. Plus que jamais, les organisations démocratiques et ouvrières doivent exiger que la Côte d’Ivoire cesse d’être le terrain de jeu des puissances impérialistes qui sont prêtes à faire basculer le pays dans un bain de sang pour préserver leurs profits. Paul Martial