Publié le Mercredi 29 novembre 2023 à 15h00.

Courte trêve à Gaza

Les bombardements ont cessé. « On n’entend plus les avions », se réjouissait un jeune Gazaoui dans une vidéo. L’accord obtenu entre le Hamas et Israël est entré en vigueur le vendredi 24 novembre.

 

L’accord prévoit quatre jours d’arrêt des bombardements et l’entrée d’une aide humanitaire. Il doit permettre l’échange de personnes détenues par le groupe armée depuis le 7 octobre et des femmes et enfants enfermées par l’armée israélienne ces dernières années.

La pause a été obtenue par des négociations impliquant le Qatar et les États-Unis et vient délivrer un mini-répit aux populations de Gaza. Presque 13 000 personnes ont perdu la vie depuis le début des bombardements à Gaza dont près de 6 000 enfants. Les conditions humanitaires sont désastreuses notamment après les destructions de plusieurs centres hospitaliers. Plusieurs centaines de camions humanitaires devraient également profiter de la pause pour soulager en eau, nourriture et carburant une population au bord de la catastrophe humanitaire.

Libération des otages et des prisonnierEs

Le Hamas a remis vendredi et samedi au Comité international de la Croix-Rouge 41 otages israéliens et étrangerEs détenus à Gaza, pendant qu’Israël a libéré 78 prisonnierEs palestiniens. L’accord prévoit l’échange de 50 otages du Hamas contre 150 prisonnierEs palestiniens tout au long des quatre jours de cette trêve, qui, à l’heure où nous écrivons ces lignes, est prolongée de deux jours jusqu’au 30 novembre.

La totalité des prisonnierEs palestiniens ont moins de 19 ans et sont concernéEs, dans leur grande majorité, par la détention administrative qui est utilisée par Israël depuis plusieurs décennies et permet aux autorités israéliennes de détenir des prisonnierEs ­palestiniens sans inculpation ni procès, dans l’arbitraire le plus total.

D’ailleurs, la rapporteure spéciale de l’ONU pour les territoires occupés, Francesca Albanese, considérait en juillet dernier que les « pratiques carcérales illégales d’Israël équivalent à des crimes internationaux qui justifient une enquête urgente du Procureur de la Cour pénale internationale », d’autant plus que ces infractions semblent faire partie d’un plan de « dépalestinisation » du territoire et que cela menace l’existence d’un peuple en tant que groupe national cohérent1. C’est ce régime de détention qu’à subi Salah Hamouri avant d’être déporté d’Israël et de perdre son statut de résident de Jérusalem.

L’utilisation des personnes détenues pour l’échange de prisonniers est une stratégie du Hamas. En 2011, après six ans de détention, le militaire prisonnier du Hamas, Gilad Shalit, a été échangé contre 1 500 prisonnierEs palestiniens. Depuis 1967, Israël a détenu environ un million de PalestinienEs dans les territoires occupés, dont des dizaines de milliers d’enfants. Actuellement, il y a 7 000 PalestinienEs dans les prisons israéliennes, dont 160 enfants . Environ 2 100 d’entre eux sont détenus sans inculpation ni jugement.

Une trêve prolongée serait la seule issue après l’attaque du Hamas et des groupes armés palestiniens et la guerre menée par Israël sur Gaza.

Faire pression pour que cesse le massacre

Ce n’est pas une surprise, mais Israël est bien décidé à reprendre le bombardement et les massacres : « Rien ne nous arrêtera, et nous sommes convaincus que nous avons la force, la puissance, la volonté et la détermination d’atteindre tous nos objectifs de guerre, et c’est ce que nous ferons », a déclaré Nétanyahou pour « éliminer le Hamas, faire revenir tous [les] otages et faire en sorte que Gaza ne redevienne pas une menace pour l’État d’Israël ». En Cisjordanie, les attaques sur les civilEs continuent ; plusieurs personnes sont tuées régulièrement dans les territoires occupés alors que les yeux sont braqués ailleurs.

Même si Nétanyahou et sa collection de ministres d’extrême droite semblent bien déterminés à amplifier le massacre à Gaza tout en continuant la colonisation en Cisjordanie, leur position politique est fragilisée. La pression interne intense avant le 7 octobre contre sa politique a repris, et plusieurs manifestations en Israël ont eu lieu pour réclamer sa démission et prendre en compte des otages.

Cette pression interne ne suffira probablement pas. Il est donc nécessaire d’accentuer les pressions internationales pour que cette trêve se prolonge, que s’arrêtent les massacres et les déplacements de population à Gaza. En continuant les manifestations et mobilisations ces prochaines semaines ici !