En l’espace d’une semaine, cinq soldats français ont été tués au Mali lors d’attaques à l’engin explosif. Du côté des autorités françaises, c’est le discours patriotique habituel, avec entre autres un Macron parlant de soldats « morts pour la France dans l’accomplissement de leur devoir », discours souvent teintés d’accents guerriers, comme lorsque la ministre des Armées Florence Parly évoque « la motivation, la pugnacité et l’abnégation des militaires français [qui] demeurent intactes face aux groupes terroristes ».
« Morts pour la France » ? Depuis plus de sept ans, dans le cadre des opérations Serval puis Barkhane, ce sont des milliers de soldats français qui ont été déployés au Sahel, officiellement dans le cadre de la « lutte anti-terroriste », mais sans qu’aucun bilan ne soit réellement tiré, du moins publiquement. Le moins que l’on puisse dire est pourtant que cette expédition, justifiée en 2013 par l’avancée de troupes jihadistes en direction de Bamako, est un véritable fiasco.
Nous n’étions pas nombreux à le dire à l’époque, mais nous avons malheureusement eu raison. Loin d’avoir éradiqué le terrorisme et les groupes jihadistes, l’intervention française les a disséminés, et donné du carburant idéologique à divers groupes dénonçant la soumission des gouvernements locaux aux puissances impérialistes. Loin d’avoir apporté une quelconque stabilité dans la région, l’expédition française a participé d’un phénomène de déstabilisation dont l’embourbement militaire actuel est un symptôme patent.
Un récent rapport des Nations unies sur le Mali indiquait que « la situation humanitaire continue de se dégrader », avec une augmentation de la pauvreté, de la faim et des violences des milices. La situation n’est guère plus reluisante dans les pays voisins, qui rend d’autant plus insupportables les postures martiales de Macron et l’absence totale de retour critique sur cette énième intervention militaire française en Afrique subsaharienne et sur ses effets catastrophiques pour les populations locales.
Les autorités françaises se fichent bien du sort des populations, et même du développement des groupes jihadistes. Ce qui compte pour elles, ce sont les prétendus « intérêts de la France », toujours à la recherche d’une influence politique et des rétributions économiques afférentes au soutien apporté aux régimes dictatoriaux locaux – soit une tutelle coloniale qui ne dit pas son nom. La présence française fait partie du problème et non de la solution : elle est à l’opposé des intérêts des peuples de la région.