Publié le Dimanche 25 mars 2012 à 19h53.

Dans la rue contre l’État raciste et impérialiste

Samedi 17 mars à Paris, un peu plus de 2 000 personnes sont descendues ont participé à la marche anticoloniale et antiraciste organisée par le réseau Sortir du colonialisme et le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici. Cette journée de mobilisation nationale, qui a vu l’organisation de plusieurs débats, concerts, manifestations et rassemblements sur le territoire, était la conclusion de la Quinzaine anticoloniale et antiraciste.

Cette année, la manif a mis le peuple syrien à l’honneur, lui laissant la tête de cortège à mi-parcours, avant de finir place de la Bastille. Alors que le régime de Bachar al-Assad continue de massacrer son peuple dans l’impunité, il était juste et nécessaire d’opérer cette convergence avec les collectifs et associations syriennes afin d’envoyer un message offensif d’unité et de soutien au peuple syrien, et à travers lui à tous les peuples en lutte pour leur autodétermination.

Kurdes, Tamouls, Palestiniens, sans-papiers, associations, collectifs, partis et syndicats participaient à cette manifestation partie de Barbès, lieu d’autant plus symbolique à la veille du 50e anniversaire des accords d’Évian. Dans une période qui voit se multiplier et se durcir les discours et les mesures racistes, xénophobes et islamophobes, il était important de montrer notre détermination à refuser l’impérialisme de l’État français, que ce soit dans ses anciennes colonies de la Françafrique ou dans ses colonies actuelles que sont les DOM-TOM, mais aussi sa politique intérieure qui perpétue des pratiques héritées de l’âge colonial. Car il existe un lien entre capitalisme, (néo)colonialisme, racisme et violence d’État. Les immigrés, français ou pas, en situation régulière ou pas, pour une grande part issues des anciennes colonies, sont toujours stigmatisés comme un ennemi intérieur et sont sous le coup d’une législation spécifique dont le NPA demande l’abrogation (le Ceseda). De manière concrète, ils continuent d’être surexploités, discriminés, traqués, contrôlés, voire tués, en particulier dans les quartiers populaires.

Malgré une affluence assez limitée, la faible dynamique de construction à la base et le trou d’air que provoque l’échéance présidentielle, cette manifestation n’en reste pas moins une réussite, ne serait-ce qu’au regard de la nécessité de travailler à la convergence et la construction large sur les questions anticoloniales et antiracistes. C’est pourquoi l’année 2013 verra certainement une nouvelle journée de mobilisation.Les contradictions de la gauche sur ces questions lui imposent de se mettre en question en permanence. Les années 1960 ont montré comment toute une génération, dans un contexte certes différent, s’était radicalisée sur la question coloniale et en avait tiré des conclusions théoriques et pratiques pour les années qui suivirent (organisation des travailleurs immigrés, des sans-papiers, etc). Pour les anticapitalistes, ces question sont parties prenante de notre projet internationaliste et de notre travail d’unification de la classe. Il ne s’agit pas de nier les différences nationales, ethniques, religieuses, culturelles mais de combattre leur instrumentalisation pour diviser les travailleurEs et de favoriser l’auto-organisation de touTEs les oppriméEs.

Commission antiracisme