Publié le Mercredi 22 mai 2024 à 15h00.

Dans la rue et comme à la CPI, Netanyahou sur le banc des accusés

Après les étudiantEs, les lycéenNEs se mobilisent à leur tour en France en soutien au peuple palestinien, contre l’intervention à Rafah. En cette semaine anniversaire de la Nakba, plusieurs manifestations étaient organisées en particulier à Bruxelles le 19 mai. Mais c’est du côté institutionnel qu’un coup a été porté à la politique de Netanyahou.

 

À Nantes, à Montrouge, à Paris, à Toulouse, par grappes, les lycéenNEs se mobilisent contre l’intervention à Rafah. Parfois au prix d’une répression féroce et d’une intimidation, comme dans le 13e arrondissement début mai ou à Montrouge (92) le 13 mai. 

La jeunesse se lève

La police est intervenue, après que deux feux d’artifice ont été tirés, de façon musclée. Cinq jeunes gens du lycée Maurice-Genevoix de Montrouge ont été mis en garde à vue. L’intimidation a été réelle sans arrêter pour autant la détermination des jeunes. Ils et elles ont réussi à organiser un nouveau rassemblement quelques jours plus tard devant les BRS (brigades régionales de sécurité, mises en place en 2019 en Île-de-France), qui faisaient le planton devant le lycée.

Idem, dans les facs et les écoles ! La répression et l’intimidation médiatique n’ont pas eu raison des actions de soutiens qui ne sont pas terminées : à l’EHESS, la police a sorti les jeunes la semaine dernière, sans garde à vue. D’autres occupations ­continuent à l’ENS.

La jeunesse crie stop à l’injustice et au génocide ! Car oui, ce qui se passe depuis des mois dans la bande de Gaza est insupportable, ce qui se passe en Palestine depuis des décennies est injuste… Cet ordre colonial qui opprime, exclut, nie les droits, enferme et n’hésite pas à exterminer toutes celles et ceux qui se dressent sur son chemin, n’est évidemment pas l’avenir que nous souhaitons. Nous le combattons !

Des manifestations pour commémorer la Nakba

En cette semaine de commémoration de la Nakba — la « catastrophe » du 15 mai 1948 qui a conduit près de 800 000 PalestinienNEs à devenir des réfugiéEs — de nombreuses mobilisations ont eu lieu. Elles ont brisé le silence, continué à porter la voix du soutien au peuple palestinien (en accueillant à certains endroits d’autres victimes de l’oppression coloniale, les Kanak). Parmi les manifestations, celle de Bruxelles le 19 mai a rassemblé 40 000 personnes. 

À l’heure où les mêmes basses œuvres autoritaires, racistes, coloniales, sont en cours partout dans le monde — de la Tunisie à l’Italie, de l’Inde à la Grande-Bretagne, de la France à la Palestine — les mois de résistance, de manifestations contre le colonialisme et la guerre avec le renfort de la jeunesse sont autant de petits cailloux posés sur le chemin de l’émancipation… et de la justice. Le combat doit continuer et la voix des oppriméEs se faire entendre pour créer une autre société car il a commencé à porter ses fruits.

Les mandats d’arrêt qui délégitiment Israël

Pour l’heure, le gouvernement Netanyahou, contestés en Israël par d’imposantes manifestations, est délégitimé par les mandats d’arrêt demandés par le procureur général à la CPI (Cour pénale internationale) à son encontre et celui de son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, ainsi que contre trois leaders du Hamas pour les mêmes motifs. La rumeur courait depuis des semaines, et Netanyahou redoutait ces mandats d’arrêt, qui sont pour lui un coup porté à son impunité.

Ni la Chine, ni la Russie, ni les États-Unis, ni Israël ne sont signataires du traité de Rome qui a fondé la CPI (1998). Et pour cause, aucun de ces États n’accepte l’idée d’une ingérence de la justice internationale dans ses propres opérations militaires à l’étranger. Et Joe Biden s’est empressé de se solidariser de son gendarme régional : « quoi que le procureur puisse impliquer, il n’y a pas d’équivalence — aucune — entre Israël et le Hamas. Nous nous tiendrons toujours aux côtés d’Israël contre les menaces à sa sécurité »

Pour le procureur général de la CPI, Karim Khan, devenu aux yeux du gouvernement d’extrême droite israélien le pire antisémite, « aucun État ne peut se soustraire aux normes prévues par le droit international et le droit des conflits armés ». Un camouflet supplémentaire qui expose encore la politique d’Israël et ouvre une brèche dans son impunité ! Un (petit) point d’appui pour le combat pour les droits des peuples et la justice… qui continue !