Le 24 avril, un bâtiment industriel de huit étages s’est effondré à Dacca, capitale du Bangladesh. Plus de 3 000 ouvriers – en majorité des femmes – y travaillaient au moment du drame dans des ateliers textiles. Un bilan récent fait état de 376 décès, plus de 900 disparuEs et 2 500 rescapéEs. La catastrophe était annoncée : des fissures étaient apparues dans les murs de l’immeuble dont la police avait demandé l’évacuation. Ce que les patrons ont refusé, envoyant à la mort des centaines de salariéEs.Il s’agit de l’un des plus graves accidents industriels de l’histoire. Il n’est pas isolé. La liste est longue au Bangladesh. Les patrons meurtriers font ce qu’ils veulent et ne sont jamais condamnés. Les liens incestueux entre possédants, gouvernants et justice leur assurent une solidarité de classe (dominante). La corruption fait le reste. Ouvrières et ouvriers vivent en sursis permanent sous le règne de la peur, de la terreur.Cette violence bourgeoise n’est pas l’apanage du seul Bangladesh. On retrouve de telles conditions d’insécurité au travail à la frontière des États-Unis et du Mexique, en Haïti, au Sri Lanka, au Pakistan… Très symboliquement aussi, l’un des propriétaires de l’immeuble, arrêté à la frontière indienne, est bangladais et l’autre, en fuite, est espagnol : David Mayor. Le capital mondialisé est un tout. Les firmes occidentales sont les donneurs d’ordre. Elles dissimulent leurs responsabilités derrière une cascade de sous-traitants. Mais ce monde assassin est bien le leur.Il est vain d’espérer « civiliser » les transnationales en leur faisant signer des codes de bonne conduite. Elles ne feront pas respecter les droits des Bangladais, alors qu’elles exigent la destruction de ces mêmes droits en Europe, et imposent le déchirement social de la Grèce. Les travailleurEs asiatiques ne sont pas les concurrents « déloyaux » des travailleurEs européens : ils sont victimes des mêmes exploiteurs. À la veille du 1er Mai, fête de l’internationalisme, le drame de Dacca vient nous le rappeler.Pierre RoussetSolidarité financière envers les familles des victimes via europe-solidaire.org
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