Mardi dernier, Angela Merkel, a rendu visite au gouvernement grec, son fondé de pouvoir pour mettre en œuvre la politique de la Troïka (Union européenne-BCE-FMI) dont elle représente le plus gros actionnaire. « Nous constatons que les efforts de réforme ont augmenté avec le gouvernement Samaras et nous voulons les soutenir », a précisé son porte-parole. Au même moment, la Troïka négocie un versement de 31,5 milliards d'euros avec en contrepartie un nouveau train de mesures d'économies budgétaires d'un montant de 13,8 milliards d'euros, que le gouvernement devra faire accepter par le Parlement. Une visite « amicale » donc pour exercer la pression, obliger le gouvernement à affronter l'immense majorité de la population qui considère la venue de la chancelière allemande comme une provocation.
Plus encore que l’État ou la bourgeoisie grecs, le peuple tient Merkel pour la principale responsable d'une politique qui a plongé le pays dans la récession, la misère, le désespoir. Le taux de chômage est de 24 %, les entreprises ferment par dizaines chaque jour. Les patients souffrant de maladies chroniques sont privés de soins et de couverture sociale, les suicides augmentent, le nombre de SDF aussi. Une des dernières mesures qui a été demandée par la Troïka est que les Grecs travaillent six jours par semaine !
Comment la Grèce exsangue et son gouvernement honni pourraient-ils faire face à une nouvelle augmentation de la dette, cette rente pour les banques, à de nouvelles mesures d'austérité.
Cette pure folie se protégeait derrière les 7 000 policiers mobilisés pour faire d’Athènes une ville en quasi état de siège. Le ministère de l'Intérieur avait interdit « tout rassemblement supérieur à trois personnes », une première depuis la fin
de la dictature.
Une fois encore, les travailleurs grecs ont fait face, affronté la police. Leur lutte est la nôtre, comme celle des travailleurs portugais, espagnols, allemands, par-delà les frontières, ces barrières que les bourgeoisies dressent entre les peuples pour mieux les soumettre. Partout en Europe s'engage un profond mouvement pour rejeter les politiques d'austérité (prendre aux pauvres pour donner aux riches), pour rassembler les forces contre les gouvernements soumis aux banques.
Yvan Lemaitre