Publié le Dimanche 3 avril 2011 à 15h20.

Effets collatéraux du soutien aux dictatures: qu'elles et ils dégagent tou-te-s !

Les révolutions arabes viennent de percuter de plein fouet le gouvernement Sarkozy. A tel point que Michèle Alliot-Marie vient d’être virée. L’idée largement répandue est que la France n’aurait plus de politique extérieure, tel un bateau sans boussole navigant à vue. C’est pourtant le contraire: la France n’a fait que continuer sa politique extérieure, contre vents et marées, une politique impérialiste de soutien aux dictatures africaines dans le seul but de maintenir la stabilité de ces pays pour mieux en piller les richesses et en exploiter les peuples.

Les processus révolutionnaires de Tunisie ont mis à nu cette politique et rendu scandaleux les propos d’Alliot-Marie qui, dans la crise, ne voyait qu’une seule solution, aider Ben Ali a mieux réprimer son peuple, révélant le vrai but de la diplomatie française: le maintien de Ben Ali au pouvoir. Sans ce soutien des gouvernements français, Alliot-Marie n’aurait pas bénéficié de voyages en jet privé, offert par Aziz Miled proche du clan Ben Ali, qui vient d’ailleurs de louer un quart de la flotte de sa compagnie aérienne à Khadafi pour transporter les mercenaires tchadiens d’Idriss Deby. Et si la France n’avait pas soutenu Moubarak, Fillon n’aurait pas bénéficié de vacances payées par la dictature.

Les liens d’amitié entre les gouvernants français et les dictateurs ne sont que les prolongements du soutien de la France aux pires régimes. Révélatrices sont les ventes d’armes en Libye qui s’élèvent à plusieurs centaines de millions d’euros parmi lesquels on trouve également les prestations des techniciens français remettant en état de vol les mirages qui, quelques jours plus tard, bombarderont les manifestant-e-s à coup de roquettes françaises. Derrière les discours de circonstance, sur l’aspect positif de la libération des peuples, se cache les craintes des dirigeants impérialistes quant à la déstabilisation de la région qu’ils utilisent comme un épouvantail en brandissant pêle-mêle: islamisme, terrorisme, flux migratoire, etc.

La mise à nu des scandales n’empêche nullement le train-train diplomatique. Ainsi l’ambassadeur de France au Congo Brazzaville vient de remettre la légion d’honneur à Jean Dominique Okemba, responsable de la sécurité et des services secrets, neveu du dictateur Sassou Nguesso et présenté comme son probable successeur. Ces deux personnages sont pourtant responsables des pires violations des droits humains dans leurs pays. Sans parler du financement et des reconnaissances de processus électoraux comme au Togo, au Burkina Faso, en République Centrafricaine ou au Gabon qui se rapprochent plus de la farce que de la consultation démocratique. En contrepartie les dictatures africaines continuent à financer la vie politique française, comme le confirme les télex publiés par Wikileaks qui mentionnent le Gabon comme généreux donateur.

Bizness et dictatures sont les deux maître-mots de la politique étrangère de la France sur le continent africain. Le quai d’Orsay est là pour cacher cette sinistre vérité, si Alliot-Marie n’a pas su le faire, le casier judiciaire de son successeur rassure sur ses compétences pour remplir avec succès cette mission.

Paul Martial