La guerre fait rage dans le nord de l’Ethiopie depuis un an, opposant, d’une part, les forces du FLPT (Front de libération populaire du Tigré) et, d’autre part, celles du gouvernement éthiopien, dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed.
Les TigréenEs représentent 6 millions d’habitantEs sur les 115 millions que compte l’Éthiopie, grande comme 11 fois la France. Cela n’a pas empêché le FLPT de diriger l’ensemble du pays de 1991 à 2018, après la chute du régime DERG (Gouvernement militaire provisoire) qu’il a largement contribué à faire tomber, contrôlant après la prise du pouvoir 90 % des forces armées et la totalité des services de renseignements. Il a aussi pratiqué un fort interventionnisme étatique dans le domaine économique. Cela a permis une croissance de 11 % entre 2002 et 2007 et l’attraction des investissements étrangers (IDE) qui se sont montés jusqu’à 4 milliards de dollars en 2017 (chinois, américains, saoudiens, mais aussi indiens). Ces IDE représentaient 23,5 % du PIB éthiopien en 2006.
Paysage politique recomposé
Le départ du pouvoir du FLPT, membre d’une coalition de partis, suite à trois années de contestation de la part des ethnies amhara et oromo, formant la majorité de la population, a été accompagné par une recomposition du paysage politique du pays sous la houlette du Premier ministre actuel, oromo lui-même, qui a en particulier signé la paix avec l’Érythrée, avec laquelle le gouvernement précédent avait été en guerre.
Cela a permis dans un premier temps de prendre le Tigré en tenaille, quand celui-ci s’est opposé au gouvernement central, en novembre 2020. Mais le retrait érythréen, en avril 2021, a permis la reconquête du Tigré par ses dirigeants dès juin 2021, puis son avancée en direction de la capitale, coordonnant ses mouvements avec d’autres composantes oppositionnelles avec lesquelles il a formé le 5 novembre dernier le Front uni des forces fédéralistes et confédéralistes éthiopiennes avec sept autres formations politiques, destiné à abattre le gouvernement en place et son armée.
Ce revirement de la situation n’est pas seulement dû au retrait érythréen, il est également lié aux frustrations de la population amhara, ainsi que d’une partie des Oromos. Les difficultés économiques n’ont fait qu’envenimer les choses.
Les forces tigréennes sont maintenant à 400 kilomètres d’Addis-Abéba, comme en 1991, avant leur offensive finale. Les diplomates étatsuniens ont appelé leurs concitoyens à quitter le pays.
Ce conflit interne à l’Éthiopie a déjà causé un grand nombre de victimes, et des exactions, principalement à l’encontre de civilEs, des destructions et la famine dans les régions ravagées par la guerre. Celle-ci se fait au profit de dirigeants avides de pouvoir. La population n’a rien à attendre d’eux, car dans tous les cas, quelle que soit l’équipe aux commandes, celle-ci n’agira que pour son profit propre.