Publié le Samedi 16 juillet 2011 à 09h59.

En Grande-Bretagne comme en France, les Pizza Hut se rebiffent

David Pike est, depuis neuf ans, salarié de Pizza Hut, à Sheffield, en Angleterre. En février, il s’est syndiqué aux Industrial Workers of the World (IWW). Une section syndicale s’est créée le mois dernier avec 25 des 30 salariés de son unité de livraison.

Peux-tu revenir sur la situation des salariés à Pizza Hut ? Les conditions de travail sont très mauvaises dans l’entreprise, et le salaire horaire est de 5,83 livres (6,66 euros). Les livreurs de pizzas n’ayant pas le permis pour conduire un scooter doivent utiliser leur propre véhicule, ils ne sont alors remboursés que 0,60 livres par livraison (0,68 euros). C’est une véritable escroquerie ! Nous avons déposé une plainte collective des salariés contre cet état de fait. Le secteur du commerce et services est faiblement syndiqué. À Pizza Hut, il n’y avait aucune présence syndicale avant la création de notre section. On part vraiment de très loin.Nous avons commencé à mener une activité syndicale pour le respect de la sécurité dans l’entretien des scooters, et un soutien individuel à certains salariés. Nos principales revendications concernent les conditions de travail des livreurs et une augmentation des salaires. Nous réclamons aussi la reconnaissance de notre syndicat, ce qui permettrait, sur notre unité de livraison, le paiement d’heures de délégation syndicales, ainsi qu’une consultation par l’employeur en cas de modification du contrat de travail. Quelles sont vos perspectives ?Notre syndicat IWW en Grande-Bretagne devrait obtenir d’ici quelques semaines le Certificat d’indépendance, ce qui est le résultat d’un long processus. Seuls les syndicats ayant ce certificat ont la possibilité d’appeler à la grève sur un lieu de travail après avoir réalisé un référendum auprès des salariés membres du syndicat. Si le résultat est positif, le préavis est ensuite de deux semaines avant le déclenchement de la grève. Il existe parfois des grèves sauvages, mais les grévistes doivent alors instaurer un véritable rapport de forces sous peine d’être licenciés. Nous allons ainsi pouvoir appeler légalement à des grèves à Pizza Hut, et organiser plus largement les travailleurs sur nos lieux d’intervention.Nous avons des liens avec des salariés de Pizza Hut dans plusieurs pays, nous essayons de développer la solidarité internationale. C’est pour cela que je suis aujourd’hui présent aux côtés des grévistes français de Pizza Hut. Nous sommes également en lien avec des salariés de l’État espagnol de la compagnie, qui ont fait une grève victorieuse pour la réintégration d’employés licenciés du fait de leur appartenance à la CNT espagnole1. Depuis l’annonce des plans d’austérité en Grande-Bretagne, il y a un an, on note un renouveau des luttes syndicales notamment dans le secteur public. La grève générale du 30 juin dernier a été une échéance importante. Seule une partie du mouvement syndical s’est mobilisée, mais on observe que beaucoup de salariés veulent aller vers une grève générale, vers une radicalisation des conflits.

Propos recueillis par Pauline Idalgo et Romain Bleibtreu