Les Suisses se prononceront, lors d’une votation populaire le 27 septembre, sur l’introduction d’un congé paternité. La position de nos camarades de Solidarités.
Le PS nous dit que le congé paternité est un premier pas vers une responsabilité partagée. Certes, nous soutiendrons cette proposition. Son acceptation en votation signifierait au moins qu’un an après la grève féministe massive qui a chamboulé le paysage politique suisse, on ne recule pas sur l’égalité entre femmes et hommes. Mais dans son désir de conciliation, sa politique des petits pas, le PS omet de souligner le caractère ridicule et totalement insuffisant de la proposition soumise au vote.
Des mesures au rabais
Deux semaines de congé paternité, c’est une claque brutale pour les femmes qui exigent depuis des décennies un congé parental long à se partager entre parents. Or, un congé paternité si court ne résout en rien le problème d’ensemble. Ce n’est pas avec deux semaines que les pères pourront vraiment s’impliquer dans l’arrivée d’un enfant ou que sera corrigée l’injustice de la discrimination à l’embauche ou des licenciements abusifs au retour du congé maternité.
Quant à l’objet sur l’impôt fédéral direct pour la déduction des frais de garde, il s’agit encore une fois d’une mesure favorisant d’abord les familles riches tout en permettant aux partis bourgeois de prétendre soutenir toutes les familles. Plutôt que de couper dans les recettes de l’État, il faudrait investir dans un réel système de garde à prix abordable profitant à l’ensemble de la population, raison pour laquelle nous nous opposons à ce projet.
En Suisse, la puissance des patrons et la suprématie des intérêts économiques sont telles qu’on peut appeler « démocratie directe » le fait d’accepter ou refuser de mauvaises mesures, voire parfois de choisir entre rien du tout et à peine mieux. Ce congé paternité minable et ces déductions hypocrites sont des mesures au rabais, à l’image de la politique familiale en Suisse : une absence de vision globale et un système injuste pour les femmes et les familles.
Chaque avancée, on l’a arrachée
Pour être efficace, une vraie politique familiale devrait être couplée à une politique d’égalité conciliant réellement travail et vie privée. S’assurer que l’arrivée d’un enfant ne soit pas un facteur d’appauvrissement. Garantir à tous les enfants des conditions de vie égales, quelle que soit la situation des parents. Réduire le temps de travail afin d’avoir plus de temps pour vivre et de partager les tâches domestiques et de care.
Une bonne politique familiale mettrait en place un congé parental à la hauteur des besoins de la famille, ainsi que des crèches publiques de qualité permettant aux mères de réintégrer la vie professionnelle, sans avoir à compter sur le travail gratuit d’une grand-mère ni à compromettre sa carrière. Le camp bourgeois refuse systématiquement cette approche et de telles mesures.
Le système capitaliste montre son mépris pour la vie et sa reproduction. Son but : que les femmes se cloisonnent au foyer et s’en tiennent à leur rôle traditionnel de mère, ou qu’elles retournent au travail quoi qu’il leur en coûte, afin d’être productives et de générer du profit. Il ne nous a rien offert. Chaque avancée, on l’a arrachée. On vote oui pour ce congé misérable, mais on ne lâche rien et on veut beaucoup plus !
Article paru dans le n° 373 de solidaritéS (Suisse).