Publié le Mercredi 2 novembre 2022 à 10h21.

États-Unis: menaces de violences politiques à tous les étages

Aux États-Unis, on assiste à une montée des violences venues de la droite. À quelques exceptions près, les Républicains ne critiquent pas cette violence et l’approuvent parfois tacitement.

Le 28 octobre, David DePape, 42 ans, a fait irruption au domicile de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, une Démocrate qui occupe le troisième poste le plus puissant des institutions US. L’intrus a crié « Où est Nancy ? » et a ensuite attaqué son mari Paul Pelosi, 82 ans, avec un marteau. La police locale est intervenue immédiatement, arrêtant DePape et l’inculpant de tentative d’homicide. Paul Pelosi a été emmené à l’hôpital où il a été opéré pour des blessures au crâne, au bras et à la main et il est actuellement en convalescence. Nancy Pelosi elle-même se trouvait à Washington au moment de l’agression.

« Une balle dans son putain de cerveau »

L’attaque semble avoir été motivée par les opinions de droite de DePape. DePape a écrit des centaines de messages sur Facebook et le forum 4chan pour attaquer les JuifEs, les NoirEs et les transsexuelEs, les médias et les Démocrates. Il affirmait que les vaccins Covid étaient mortels et soutenait le groupe conspirationniste QAnon. DePape semble également être dérangé et souffrir de délires.

Quel que soit l’état mental de DePape, cette attaque s’inscrit dans un schéma de montée de la violence de droite. L’apogée de cette violence jusqu’à présent a été la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021, lorsque des milliers de partisans de Trump, menés par des milices d’extrême droite comme Oath Keepers et Proud Boys, ont envahi le Capitole pour empêcher le décompte et la certification du vote qui allaient faire de Joseph Biden le président. Les émeutiers ont menacé de tuer le vice-président de l’époque, Mike Pence. Ils ont également traversé les bureaux du Congrès en criant « Où est Nancy ? ». L’un des émeutiers a déclaré à l’époque : « Nous cherchions Nancy pour lui tirer une balle dans son putain de cerveau. Mais on ne l’a pas trouvée. »

Les élues progressistes du Congrès comme Ilhan Omar et Alexandria Ocasio-Cortez, qui sont des femmes racisées détestées par la droite, ont quant à elles reçu d’innombrables menaces de mort.

Projets de kidnappings, menaces de mort

En octobre 2020, le FBI a arrêté treize hommes d’une organisation paramilitaire appelée Wolverine Watchmen, pour avoir comploté en vue d’organiser l’enlèvement de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer. Deux des hommes ont été reconnus coupables d’un plan visant à la kidnapper et à provoquer une insurrection nationale.

Des fonctionnaires qui supervisent les élections dans les États ont été menacés parce que les résultats de leurs élections montraient que Biden avait battu l’ancien président Donald Trump en 2020. La secrétaire d’État de l’Arizona et candidate démocrate au poste de gouverneur, Katie Hobbs, a reçu cette menace : « Attention à TOUS les fonctionnaires corrompus et traîtres... Si vous, lèche-bottes, continuez à baiser l’intégrité des élections en Arizona... Je vous garantis que nous, le peuple, vous démettrons de vos fonctions... Nous vous trouverons sur le site Web des évaluateurs d’impôts... Vous vous souvenez de la révolution française de 1789 ? »

Un message vocal à destination du procureur général de l’Arizona, Mark Brnovich, le 27 septembre 2021, disait : « Quand nous viendrons te lyncher, espèce de fils de pute communiste menteur et stupide, tu te souviendras que tu as menti sur cette foutue Bible, espèce de merde. Vous allez mourir, espèce de merde. On va te pendre. »

Les agents électoraux sont également menacés. Dans le Vermont, un homme a dit à l’un d’entre eux : « C’est peut-être le bon moment pour mettre un putain de pistolet dans ta putain de bouche et appuyer sur la gâchette. » Il y a eu des centaines de menaces de ce genre.

Menaces sur les élections ?

Les Républicains mobilisent une armée de surveillants de bureaux de vote pour intimider les électeurEs le 8 novembre. En réaction, en Floride, Od’Juan Whitfield, d’un groupe d’églises noires appelé Faith in Public Life, a déclaré : « Nous envoyons des pasteurs sur les lieux de vote pour être des gardiens de la paix, pour nous assurer que si un électeur a des questions ou des inquiétudes, on puisse y répondre, parce que protéger et étendre notre liberté de vote et honorer la volonté du peuple est notre devoir moral. »

L’attaque contre Pelosi n’est que le dernier événement en date d’un schéma croissant de violence de droite visant principalement les Démocrates. À quelques exceptions près, les Républicains ne critiquent pas cette violence et l’approuvent parfois tacitement. La démocratie étatsunienne est très imparfaite ; les élections sont corrompues par l’argent et parfois biaisés par les mesures pour écarter du vote les NoirEs en particulier. Cependant, elle reste encore une démocratie politique. Mais la marée montante de la violence politique pourrait, dans un avenir pas trop lointain, l’ébranler encore plus et ressusciter les violences du passé contre les NoirEs et les gens de gauche, à moins qu’il n’y ait un front pour s’y opposer.

Traduction Henri Wilno