Quelques semaines avant les élections qui se dérouleront en novembre prochain, les partis républicain et démocrate ont tenu leur convention. Alors que le Parti républicain représente la droite dure, les deux candidats s’accordent sur l’essentiel de la politique économique et sociale à mener, loin des revendications des «99 %».Entre la fin août et la première semaine de septembre se sont tenues les deux conventions nationales des partis républicain et démocrate. Il n’est pas sûr que ces deux événements aient réellement contribué à un déplacement des électeurs indécis. Face à un candidat Romney et à un candidat à la vice-présidence comme Paul Ryan, il n’y a pas le choix : il faut soutenir Obama. C’est le raisonnement de toutes celles et ceux qui, il y a quatre ans, ont sincèrement cru au message d’espérance lancé par la campagne d’Obama. Et bien que, quatre années après, beaucoup pensent que le défi « Yes we can » s’est transformé en un amer « No, we couldn’t » (non nous ne pouvions pas), soutenir Obama aux prochaines élections de novembre semblerait l’unique option. Le même Obama dans son discours a décidé de recadrer le ton par rapport à sa première candidature. Il ne parle plus de changement mais de « nouveau » et d’« aller de l’avant », il ne promet plus aucun tournant historique, mais plutôt une lente sortie de crise et du chômage, à condition de se retrousser les manches. D’ailleurs, il est difficile de promettre monts et merveilles, quand l’économie va à reculons et que quatre années de gouvernement n’ont pas du tout changé la direction que suit la société américaine ni atténué la croissance des injustices sociales. En tous cas, si la candidature d’Obama ne suscite pas le même enthousiasme et les mêmes espérances qu’il y a quatre ans, la peur de la victoire d’un Parti républicain, toujours plus ancré à droite et toujours plus agressif sur les questions sociales, de genre, et de races, pourrait jouer un rôle décisif dans la réélection d’Obama.Pauvre bilanUn journal recensait quinze points de programme sur lesquels Romney et Obama sont plutôt d’accord. Et il ne s’agit pas de bagatelles. Sur le plan du travail, républicains et démocrates sont en substance d’accord pour ne pas financer des programmes publics pour l’augmentation de l’emploi. Les deux pensant que la solution doit venir du secteur privé. Sous l’administration Obama, il n’y a eu aucune augmentation du salaire minimum, les droits syndicaux et le droit de grève ont continué à être érodés et il n’y a eu aucune tentative pour appliquer les lois existantes sauvegardant le travail. De même, après avoir promis l’accès à la santé pour tous, l’administration Obama n’a fait qu’appliquer au niveau national le programme de réforme de santé rédigé par Romney au Massachusetts, qui incite à recourir aux assurances privées. Il y a peu, Obama et Nancy Pelosi continuaient d’insister sur la nécessité de conclure un accord avec les républicains à propos des coupes budgétaires dans trois secteurs fondamentaux de l’État social américain : Medicare, Medicaid et la sécurité sociale.Certes les républicains se distinguent par un racisme agressif, mais il ne faut pas oublier que durant l’administration Obama un million d’immigrés ont été expulsés, souvent sans aucun procès, et après des mois passés dans des centres de détention. Sur la politique étrangère et la politique environnementale également, il n’y a pas de quoi se réjouir, et les différences se limitent à des questions de style. L’administration Obama a continué à poursuivre le programme NAFTA, l’embargo sur Cuba, la militarisation de l’Afrique (sans parler de l’intervention en Libye), et n’a pas changé en termes substantiels la politique américaine sur le conflit israélo-palestinien. Last but not least, comme les républicains, les démocrates se sont précipités pour offrir des milliards de dollars à Wall Street.La vérité est qu’entre les républicains et les démocrates, il y a peu de choix et que la seule nouveauté dans la politique américaine des dernières décennies a été le mouvement Occupy. La séquence électorale, toutefois, est en train de peser sur ce mouvement, qui semble être en grande difficulté. Occupy Chicago a organisé trois jours de manifestations et de débats pendant le déroulement de la convention démocrate sous le slogan « Occupy Obama. Stop à la guerre du président des 1 % contre les 99 % du reste du monde » Et Occupy Wall Street a lancé trois jours de manifestations à New York à l’occasion de l’anniversaire de l’occupation de Zuccoti Park. Pour les médias désormais concentrés sur les prochaines élections, le mouvement n’est plus d’actualité. Surtout s’il remet en question Obama…Cinzia Arruzza