Plus de 2 100 morts du côté des Palestiniens, plus de 5 milliards d’euros de dégâts selon les Nations unies, 203 écoles à reconstruire, l’unique centrale électrique arrêtée, 50 % du réseau d’eau potable endommagé... Tel est le bilan de l’opération « bordure protectrice » débutée le 8 juillet dernier.
Présentée au monde entier comme une opération militaire de protection, l’agression israélienne obéissait à d’autres motifs. Mais malgré un terrible bilan et la mise en place du cessez-le-feu, le gouvernement sioniste n’a pas atteint ses objectifs. L’instabilité plutôt que la sécuritéL’opération « bordure protectrice » n’était pas, contrairement à ce que disent les dirigeants israéliens, une opération visant à garantir la sécurité d’Israël. Depuis 2005 et l’accession du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza, des tirs vers Israël ont pérodiquement eu cours. Bien plus que les roquettes, c’est la perspective d’un accord politique entre le Hamas et le Fatah pour un gouvernement d’union nationale qui inquiétait les plus hautes sphères de l’état sioniste. L’enlèvement puis la mort de 3 colons était le prétexte tout trouvé pour « justifier » une intervention armée. Il y avait un double enjeu pour Netanyahou et sa clique. En premier lieu, il fallait fissurer cet accord Hamas-Fatah en envoyant un message clair à Mahmoud Abbas sur la ligne à ne pas franchir. De plus, il fallait causer suffisamment de dégâts sur la bande de Gaza pour obliger les Palestiniens à ne penser qu’à leur futur immédiat et les détourner de préoccupations d’émancipation.
Une défaite politique et militaireMalgré l’utilisation massive des armes les plus destructrices par la 4e puissance militaire au monde, la résistance palestinienne, soutenue par tout un peuple, a réussi quotidiennement à répliquer à Israël. Parti pour éradiquer toute résistance, les sionistes se sont heurtés jusqu’aux dernières heures à la volonté farouche des Palestiniens de ne pas se laisser faire et de défendre leur territoire. Le coût humain subi lors des invasions terrestres précédentes a donc conduit à un cessez-le-feu qui devenait la seule option envisageable, d’autant plus que les États-Unis poussaient dans ce sens. À jouer les va-t-en guerre tout en sous-estimant les capacités de résistance des Palestiniens, Netanyahou s’est pris à son propre piège. À l’heure actuelle, une partie de son gouvernement, tout comme la majorité de la population, est contre tout cessez-le-feu. On peut supposer qu’il en paiera probablement le prix politique, malheureusement au profit de la droite la plus belliciste.
Et maintenant ?Il n’en reste pas moins qu’à l’heure où le cessez-le-feu est signé, Gaza est dévastée. Cet objectif, le plus abject, est rempli pour les sionistes. Dans l’immédiat, la population gazaouie doit tout reconstruire en n’ayant accès à rien car le blocus, lui, est maintenu. Car tout le souci de ce cessez-le-feu, c’est qu’il ne règle rien sur le fond, sur les quelques revendications légitimes des Palestiniens de Gaza, sans parler des revendications historiques du peuple palestinien. Que ce soit sur le blocus terrestre et maritime, comme sur la construction d’un port et d’un aéroport, tout a été renvoyé à de futures négociations qui auront lieu dans un mois. Rien ne permet de présager un arrangement de la situation avec une levée même partielle du blocus. Les accords de 2012 et 2009, tous deux signés après des agressions israéliennes, prouvent bien qu’entre les déclarations et les faits, il y a un pas que ne franchissent pas les Israéliens.
Amplifier la solidaritéCe ne sont pas des puissances impérialistes, soutien de la politique israélienne, que nous pouvons attendre quoi que ce soit. Tour à tour, elles ont au mieux mis sur un pied d’égalité les Palestiniens et Israël, niant le rôle de colonisateur et d’agresseur de ce dernier. Au pire, elles ont justifié les frappes israéliennes par un soi-disant droit à la sécurité. En France, un cap a même été franchi avec l’interdiction des manifestations de soutien qui a conduit au passage prochain au tribunal de notre camarade Alain Pojolat pour maintien de manifestation interdite. Tant que n’aboutiront pas les revendications du peuple palestinien, tant que les Palestiniens n’auront pas le droit de disposer d’eux-mêmes, ce sera pourtant le choix que nous ferons : maintenir la pression dans la rue pour dénoncer la complicité de l’État français, développer partout la campagne BDS dont le succès grandissant inquiète au plus haut point les dirigeants israéliens.
Antoine Chauvel