Publié le Vendredi 27 novembre 2015 à 11h23.

Genève : deuxième round de grève contre l’austérité

L’assemblée générale de la fonction publique genevoise vient de confirmer son préavis de grève reconductible pour le mardi 1er décembre. La décision fait suite à la confirmation, par le Conseil d’Etat genevois, de son objectif de tailler drastiquement dans le service public: dans une lettre envoyée mercredi 25 novembre aux syndicats et associations du personnel, l’Exécutif a réaffirmé comme «non négociable» son objectif de baisser de 5%, sur trois ans, la masse salariale de la fonction publique.

Comme le dénonce le Comité de lutte des services publics, qui regroupe les syndicats et associations du personnel de la fonction publique, les attaques prévues par le Conseil d’Etat sont d’une ampleur jamais vue depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale. Pour concrétiser son objectif de coupes budgétaires (182 millions d’économies annuelles), le Conseil d’Etat genevois prévoit d’augmenter le temps de travail  (de 40 à 42 heures par semaine), de faciliter les licenciements, de ne plus remplacer les départs, de transformer des postes à plein temps en postes à temps partiel, de bloquer les mécanismes salariaux et de baisser ses subventions aux institutions parapubliques comme les EMS.

Ces mesures interviendraient alors que de nombreux secteurs du service public genevois ont été durement frappés ces dernières années par des programmes d’austérité. Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), par exemple, où des centaines de postes de travail ont été supprimés chez le personnel soignant – alors que le nombre de cadres augmentait! –, les cas de burn-out explosent et le personnel n’arrive plus à faire face à une charge de travail en augmentation. Le scénario se répète dans des secteurs aussi variés que l’éducation, le social, l’orientation aux demandeurs d’emploi, etc.

Pour justifier ses coupes, le Conseil d’Etat genevois invoque l’état précaire des finances publiques. Il oublie de rappeler que, ces dernières années, d’importants cadeaux fiscaux ont été consentis aux entreprises et aux personnes nanties. Bilan : près d’un milliard de francs de moins, chaque année, pour les caisses de l’Etat. Le gouvernement prépare aujourd’hui de nouvelles largesses fiscales. Dans le cadre du troisième volet de la Réforme de l’imposition des entreprises – qui supprimera les statuts fiscaux spéciaux accordés aux sociétés multinationales –, il se prépare à baisser le taux d’imposition du bénéfice des entreprises – qui passerait de 24,2% à 13%. Pertes estimées, selon les estimations officielles: entre 350 et 550 millions de francs par année.

Le programme appliqué contre le secteur public n’a donc rien d’une fatalité, mais relève d’une option politique: pour maintenir les privilèges fiscaux qui permettent à des multinationales et sociétés de trading – qui réalisent leurs gains en pillant les ressources des pays du Sud – de payer un impôt dérisoire sur les profits qu’elles réalisent à l’échelle mondiale, le gouvernement genevois s’apprête à redimensionner drastiquement le service public genevois. Ce redimensionnement frappera durement les salarié-e-s de la fonction publique et parapublique, mais aussi la grande majorité de la population: quand les écoles, les hôpitaux et le social souffrent, c’est l’ensemble des classes populaires qui trinquent.

Jusqu’à présent, la détermination à la lutte du personnel à résister a été impressionnante. En novembre, la grève reconductible a été massivement suivie durant trois jours. Elle a été ponctuée par des manifestations massives, regroupant jusqu’à 12 000 personnes. Le 12 novembre, des milliers d’employé-e-s ont été rejoints par 3000 maçons en grève, démontrant par la pratique que les luttes du public et du privé se recoupent.

Rien n’est encore joué. La fonction publique a effet affaire à forte partie: d’abord un Conseil d’Etat d’ «attaque», déterminé à imposer ses contre-réformes. Ensuite, un Grand Conseil à majorité de droite, qui lui sert d’aiguillon – le 13 novembre, le Parlement genevois a voté un projet de loi appelé «Personal Stop», qui prévoit de bloquer tout engagement de personnel tant que la dette publique ne diminue pas de 5 milliards de francs. Et enfin une presse bourgeoise, aux ordres, qui tente de monter la population contre les salarié-e-s du public et tente d’instiller le fatalisme.

Au moment où les contre-réformes se succèdent dans le privé – pensons aux dizaines d’entreprises qui ont augmenté le temps de travail depuis le début de l’année – et dans le public – dans tous les cantons, les programmes d’austérité se durcissent –, la lutte menée par les salarié-e-s de la fonction publique et parapublique genevoise revêt une importance stratégique. Il est fondamental que la grève soit, à nouveau, massivement suivie, dès le 1er décembre. Mais aussi que la solidarité avec les grévistes s’exprime le plus largement!

Guy Zurkinden Source: Gauche Anticapitaliste