Lors d’une grande manifestation de solidarité à l’occasion du 1er Mai, plusieurs centaines de manifestantEs à Peckham, dans le sud de Londres, ont réussi à bloquer le transfert d’un autocar de demandeurEs d’asile vers la péniche prison, le Bibby Stockholm.
Cette péniche, où un Albanais s’est donné la mort en décembre dernier et où l’on pense que des victimes de tortures sont retenues, devrait servir d’étape vers le Rwanda, même si l’on sait que les vols ne sont pas encore prêts à être utilisés.
Cette rafle a eu lieu moins d’une semaine après que la tristement célèbre loi sur le Rwanda des conservateurs a finalement reçu la sanction royale le 25 avril, après que les tentatives de la Chambre des Lords d’édulcorer le projet de loi se soient finalement essoufflées. Fait peut-être plus révélateur encore, elle est intervenue la veille de nombreuses élections locales et municipales en Angleterre (il n’y a pas eu d’élections en Écosse le 2 mai et, au Pays de Galles, seulement des élections pour les commissaires de police et les commissaires à la criminalité). Le Premier ministre conservateur, Rishi Sunak, était déterminé à tenter d’endiguer l’hémorragie des soutiens qui s’était emparée de son gouvernement en échec chronique, en focalisant les esprits sur sa position résolument anti-immigration.
Mise en œuvre anticipée du Rwanda Act
Le dimanche 27 avril, le gouvernement a annoncé que le ministère de l’Intérieur lancerait « une opération majeure de détention des demandeurs d’asile à travers le Royaume-Uni en préparation de leur expulsion vers le Rwanda », quelques semaines avant qu’il ne soit prévu d’agir. Bien que les descentes antimigrants fassent partie de l’« environnement hostile » des États britanniques bien avant l’adoption de la loi sur le Rwanda, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une escalade et qu’elle s’est déroulée en tenant compte du calendrier électoral. Les militantEs ont également reçu des informations selon lesquelles certains demandeurEs d’asile recevaient des avis mentionnant un possible renvoi au Rwanda.
Les activistes ont réagi rapidement grâce aux réseaux existants, principalement construits dans le sillage du mouvement Black Lives Matter et de la lutte contre le projet de loi répressif sur la police. Des stands ont été organisés près des centres d’immigration afin d’atteindre le plus grand nombre possible de demandeurEs d’asile et de les informer, dans différentes langues, que malgré les récents changements juridiques, ils ont encore certains droits. Dans le même temps, des messages ont été largement diffusés sur les réseaux sociaux afin d’alerter un plus grand nombre de personnes sur le fait qu’elles pourraient être appelées à court terme pour bloquer une expulsion.
Pendant sept heures, les manifestantEs ont bloqué la route devant l’hôtel où les demandeurEs d’asile sont actuellement logés, et des appels à la mobilisation ont été lancés tout au long de la journée. À 15 heures, le car est finalement parti, vide. 45 militantEs ont été arrêtés. Entre-temps, les militantEs de Portland Dorset, où la péniche est amarrée, surveillent de près l’arrivée de nouveaux arrivantEs.
Mobilisations à amplifier
Si le 1er Mai a été une victoire pour la solidarité internationale, le vendredi 3 mai, au moins deux autres rafles ont en revanche pu avoir lieu dans différentes parties de Londres — à Hounslow et à Croydon. Dans le premier cas, le car a été retardé pendant un certain temps par des militantEs, mais ceux-ci n’ont pas pu empêcher que des personnes soient emmenées. Difficile de savoir ce qui s’est passé à Croydon, de trouver d’autres informations après l’appel initial, mais il ne fait aucun doute que les appels à l’action dans les rues se multiplieront dans les semaines à venir.
C’est à cela que ressemble la solidarité, alors que ceux qui fuient la destruction de leurs maisons par le capitalisme sont soumis à de nouveaux traitements inhumains.