La journée de grève générale du 11 mars a dû être lancée sous la pression des travailleurs sur les directions syndicales de GSEE (Confédération unique du secteur privé) et d'ADEDY (la fédération du secteur public), qui avaient prévu des manifs séparées et plus lointaines dans le calendrier pour GSEE ! Mais la colère populaire face aux mesures du ''2ème paquet'' décidé début mars sur injonction de l'Union Européenne a obligé à accélérer le calendrier, comme on l'a vu dès la fin de la semaine passée avec des arrêts de travail nationaux et de belles manifs.
La grève a été fort bien suivie : pas de transports, écoles et postes fermées, et un mécontentement évident contre le gouvernement du très socialiste Giorgos Papandreou, élu en automne pour chasser la droite et obtenir un changement de politique !
La manif à Athènes a rassemblé des dizaines de milliers de manifestants (on parle de 100 000 : en tout cas, encore plus que le 24 février), et le ton était clair : ce n'est pas aux travailleurs de payer la crise! Mais malheureusement, les traditions de division perdurent : le courant syndical du KKE (PC grec), nommé PAME, a orgnisé son rassemblement à part, avec ses propres orateurs, et dans le cortège qui a suivi, les slogans alternaient le meilleur et le pire. En effet, on pouvait entendre et lire des slogans clairement anti-capitalistes, mais aussi, en particulier chez les jeunes, pas mal de slogans d'auto-affirmation de PAME, dont la logique de scission du syndicat unique n'a jamais cessé, sur la stricte ligne sectaire du KKE. Leurs slogans criés en faveur des policiers en grève montrent bien la logique d'union nationale qui est le fond de commerce du KKE : en guise de ''désobéissance'' (un des slogans clé de PAME) , leur slogan ''unité peuple et police'' n'a pas eu l'air de convaincre un certain nombre des manifestants de PAME !
La deuxième partie du cortège a donc rassemblé de très nombreuses branches de GSEE et ADEDY, et les secteurs de travailleurs radicaux y ont fait entendre leurs voix, avec en fin de cortège deux gros blocs politiques antilibéraux et anticapitalistes : Syriza affirmant qu'on est là pour continuer, et Antarsya insistant sur l'objectif de faire payer la crise par les capitalistes. La police a tenté de casser les cortèges, et il semble bien que ce soit là la seule carte que sait jouer la direction du gouvernment PASOK. En effet, déjà dans la manif athénienne du vendredi 5 mars, les prétoriens ont osé gazer le vétéran de la résistance anti nazie Manolis Glézos, cadre de Syriza, et ils ont ainsi envoyé à l'hôpital non seulement un infatigable militant de 88 ans, mais surtout le symbole vivant que repésente cet homme qui, avec son camarade Santas, a décroché le drapeau nazi de l'Acropole une nuit de mai 1941, premier geste d'une résistance massive et tournée vers le renversement du vieux monde capitaliste !
En cette fin de semaine, la situation est donc à la mobilisation, face aux attaques inqualifiables prises par le gouvernement dirigé par Giorgos Papandreou, par ailleurs président de l'Intenationale socialiste. Il faut ajouter que les estimations sur le résultat de ces mesures pour l'emploi sont dramatiques : peut-être 20 % de chômage dans les prochains mois, selon le ministre du travail lui-même, et cela avec une chute croissante de la production. Cette semaine, des grèves sectorielels sont prévues, notamment chez les travailleurs de DEI (secteur public de l'électricité). Bien sûr, ce qui est à l'ordre du jour, ce sont sans attendre de nouvelles mobilisations nationales durables. Malgré les difficultés matérielles, malgré le tapage médiatique sur l'union nationale, es travailleurs sont prêts à se mobiliser : ce dimanche, un sondage paru dans le journal Eleftherotypia montre que 62 % des habitants sont prêts à participer à des mobilisations contre les mesures antisociales !
Andreas Sartzekis
14 mars 2010